J’ai des goûts assez éclectiques en jeux vidéo et je peux tout autant aimer une simulation assez complexe qu’un jeu au gameplay plus simple qui se rapprocherait du film interactif. On est ici dans la 2ème catégorie.
Dispatch nous propose d’incarner un personnage dont la mission principale va être de devoir répondre aux appels à l’aide qu’il reçoit avec l’aide de son équipe de super-héros.
Mêlant phases de « dispatching d’héros sur une carte de la ville » avec des phases visuellement proches d’un dessin animé interactif où on doit choisir nos réactions dans les dialogues pour influer sur nos relations avec les autres personnages et l’histoire.
Pour une aventure réussie ? … Petit spoiler … je vais rarement perdre mon temps à écrire un long test d’un jeu que je n’ai pas aimé …
Test réalisé sur PC avec un jeu acheté sur Steam
Présentation
La société Telltale, telle qu’existait entre 2005 et 2018, a fait revenir sur le devant de la scène le Point & Click en le transformant en jeux plus narratifs. De la navigation en 3D dans des décors, parfois de petites énigmes, des QTE (ces séquences où il faut appuyer au bon moment sur un bouton) mais aussi des dialogues avec des choix qui entraînent des conséquences, telle était la recette Telltale. Le succès a d’abord été mitigé même avec des franchises telles que « Sam & Max », « Monkey Island » ou encore « Retour vers le Futur ».
C’est en 2012 que les amateurs du genre vont se prendre une claque avec la première saison de « The Walking Dead », où la formule prend vraiment son essor avec une intrigue qui donne l’impression de réellement changer avec nos différents choix, nous demandant par exemple de sauver un personnage au détriment d’un autre. Le succès va continuer avec les saisons suivantes mais aussi « The Wolf Among Us » ou encore « Tales from the Borderlands ».
Mais à force de répéter la même chose, sans s’améliorer, avec un moteur vieillissant et en essayant de pousser de plus en plus de projets, tirés d’un tas de franchises, en même temps, la qualité baisse, les ventes aussi et la société ferme ses portes en 2018.
Plusieurs membres vont dans d’autres sociétés mais très vite certains d’entre eux se réunissent la même année afin de créer AdHoc Studios avec pour but de donner un nouveau souffle au jeu narratif. C’est finalement 7 ans plus tard que leur premier projet peut enfin sortir : Dispatch.
Alors de quoi ça parle ? Comment ça se joue ? Est-ce que c’est bien ? Tant de questions auxquelles je vais essayer de donner des réponses dans les quelques lignes ci-dessous.
Le jeu est disponible depuis le 22 octobre 2025 sur PC et PlayStation 5. Les 8 épisodes sont disponibles.
Test
Rejoignez le SDH !
Nous incarnons Robert Robertson, 3ème du nom, plus connu sur le nom du super-héros en armure « Meca Man », en pleine mission pour retrouver Spectre, le super-vilain qui a tué son père. Mais sa mission ne se passera pas comme prévu et après être tombé dans un piège, Robert réussira à s’en sortir mais son armure est bien trop endommagée et il annonce publiquement qu’il arrête sa carrière de super-héros.
Alors qu’il essaie maladroitement d’arrêter un cambriolage, il est abordé par Aurore, une super-héroïne qui lui propose de rejoindre le Service de Dispatching Héroïque (SDH) en tant que dispatcheur, chargé d’envoyer de répondre à des requêtes à l’aide d’une équipe de super-héros qu’on va lui attribuer. En échange, le SDH se chargera de réparer son armure.
Robert accepte et se retrouve à être à la gestion de l’équipe Z, composée d’anciens super-vilains que le SDN a mis dans son Projet Phénix pour essayer d’en faire des super-héros. Il va vite faire connaissance de son équipe et en particulier de Invismeuf, une ancienne super-vilaine dont le pouvoir est de devenir invisible quand elle retient son souffle.
S’il va falloir résoudre les diverses missions, il va aussi falloir gérer les tensions entre membres de l’équipe mais aussi les potentielles relations qui pourraient naître avec certaines de nos collègues de travail.
L’histoire est vraiment chouette à suivre, il y a une vraie évolution des personnages, autant les principaux que les plus secondaires ont tous droit à leurs moments. Et si certaines de ses évolutions sont directement liées à l’histoire, il y a aussi toutes celles qui dépendent des choix que le joueur fait qui impactent les relations et la réussite de l’équipe.
Digne d’une superproduction audiovisuelle
Visuellement, le jeu est une tuerie. Vous pouvez aisément le voir dans les captures que j’ai mises dans cet article, on a vraiment l’impression de voir un dessin animé interactif, avec un design général d’excellente qualité mais avec aussi des animations de dingue et un super sens du timing.
Le tout est porté par un casting vocal de grande qualité avec Aaron Paul en rôle principal, Jeffrey Wright en guest de luxe et bien d’autres, dont plusieurs issus de Critical Role, la chaîne Youtube où des comédiens jouent des parties de Donjons & Dragons. Ils sont tous parfaitement dans leur rôle et donnent réellement vie à leurs personnages, ce qui contribue encore plus à l’immersion dans l’histoire.
Le jeu ne possède que ce doublage en anglais mais les sous-titres sont intégralement disponibles en français (à 2/3 bugs près qui seront certainement patchés). Ça peut éventuellement poser un léger problème aux moins anglophones lors de phases de dialogues en temps limité où il faut à la fois choisir sa réponse et continuer à suivre la conversation en cours.
Jean-Klaus s’en souviendra
Les phases « film interactif » occupent une bonne moitié du jeu et consistent à suivre Robert dans diverses situations (au bureau, en réunion, en soirée, …) et de participer aux conversations. Contrairement aux anciens jeux Telltale, il n’y a pas ici de phases d’exploration en 3D, on est spectateur de l’action mais acteur dans les dialogues. Et ce n’est pas plus mal comme renouveau.
Régulièrement, nos réponses ou nos choix feront apparaître le désormais célèbre « untel s’en souviendra », relique des anciens jeux, pour pointer le fait qu’il y aura sans doute des conséquences plus tard. Et si parfois il ne s’agit que de voir une réponse différente de notre interlocuteur, le jeu propose aussi de vrais choix qui impactent le reste de l’histoire.
Devoir retirer un membre de son équipe, engager quelqu’un d’autre, faire des avances ou non à un personnage, réagir aux actions de notre équipe, tant de choses qui auront parfois des répercussions jusqu’à la fin du dernier épisode. On finit par vraiment s’attacher à son équipe et certains moments de choix peuvent être de cruels dilemmes !
Chaque réponse doit être donnée dans un temps limité, ce qui a l’avantage de donner un vrai rythme aux conversations. On a réellement l’impression de suivre réellement des personnages qui se parlent, qui se coupent la parole, qui enchaînent, sans avoir des blancs ou des moments de silence comme on pouvait l’avoir dans pas mal de jeux de chez Telltale avant quand les personnages attendaient nos réponses.
Certaines phases plus « action » proposent également au joueur de rester impliquer en faisant quelques QTE assez simples (appuyer au bon moment, etc.). Cependant, ces actions n’ont à priori que peu d’impact (je dois avouer que je n’ai pas essayer de rater volontairement une séquence) et, surtout, il est possible de choisir de les désactiver et de juste suivre ce qui se passe à l’écran.
Il faut malgré tout être honnête, si nos choix ont de l’impact sur certains événements, l’histoire générale continue à avancer peu ou prou de la même manière et la conclusion restera assez similaire dans sa globalité, si l’on excepte certaines variantes, on en parle un peu en spoilers.
Encore du travail ?
Si les échanges entre personnages rappellent les jeux narratifs d’il y a quelques années, AdHoc a ajouté une autre couche de gameplay : les phases de dispatching. Il y en a une voire deux par épisode et elles apportent une certaine diversité pour le joueur.
On est face à son écran, on voit des alertes apparaître et on doit désigner quel(s) membre(s) de notre équipe envoyer en analysant la description de la situation et les capacités de nos personnages. Ils possèdent tous un score allant de 0 à 10 dans 5 caractéristiques (vigueur, combat, mobilité, intellect et charisme) qui permettent de répondre à tel ou tel problème. On peut également en résoudre grâce aux capacités uniques de certains membres de notre équipe ou à leur personnalité, il y a parfois vraiment un héros idéal à envoyer pour une mission.
Parfois il faudra intervenir pendant la mission pour choisir parmi des choix au problème qui se pose. Et enfin, à la fin de la mission, on voit si elle a réussi ou échoué via un petit test aléatoire qui varie selon les caractéristiques nécessaires et celles de l’équipe envoyée. Cette dernière rentre ensuite au QG et possède un temps de repos avant de pouvoir repartir. Il faut pouvoir jongler entre les disponibilités de nos héros, les missions proposées et parfois devoir faire un choix sur celles qu’on va devoir laisser tomber.
Ces phases ne sont pas d’une grande difficulté, et on sent parfois que le jeu nous aide à les réussir, mais elles apportent un côté ludique supplémentaire à l’expérience. A force de réussir des missions, nos héros engrangent de l’expérience qui leur fera des points que l’on pourra attribuer pour améliorer des caractéristiques et faire évoluer notre équipe.
Dans ces parties là, il y a également des moments où nous pouvons être plus actifs. Certaines missions vous nous demander de faire du hacking qui dans le jeu consiste, je vous mets une capture d’écran pour mieux illustrer, à déplacer une petite boule via divers chemins jusqu’à une destination en ayant divers obstacles qui vont soit nous demander de répéter des séquences directionnelles ou éviter des protections. Une autre manière d’impliquer le joueur qui fonctionne pas mal de mon point de vue.
Que dire de plus ?
Le jeu a repris le concept des sorties épisodiques mais avec une version « améliorée ». Pas de délai inconnu entre les épisodes ici comme on avait pu l’avoir par exemple avec certaines saisons de « The Walking Dead », ici le jeu était terminé au moment de la sortie des 2 premiers épisodes et le studio a sorti ses épisodes 2 par 2 chaque semaine. Certains joueurs n’ont pas aimé avoir ce petit délai mais de mon côté j’aime beaucoup le petit côté « cliffhanger » qu’il peut y avoir en attendant la sortie de l’épisode suivant. Mais à l’heure de la sortie de cette critique, les 8 épisodes sont disponibles.
Alors, tout n’est pas parfait non plus.
Tout d’abord, le jeu essaie, avec succès, de garder un ton assez drôle et léger dans les échanges, mais la vulgarité est de mise tout comme l’humour parfois très « pipi caca », qui ne plaira pas à tout le monde. Il y a également des passages plus suggestifs (de la nudité principalement) que l’on peut choisir de censurer automatiquement pour les âmes les plus sensibles … ou pour les streamers qui ne voudraient pas être sanctionnés.
On peut aussi dire qu’il y a des épisodes où le rythme est un peu moins bon, que certains événements s’accélèrent un peu vite sur la fin et certaines situations sont un peu clichées, mais c’est du chipotage car dans l’ensemble, ce n’est pas simple de lui trouver des points négatifs.
! Attention ! Spoilers !
Selon les choix qu’on réalise, il est possible de varier un peu la fin. Les 2 choses principales qui peuvent changer sont la décision d’Invisimeuf de sauver Robert ou de tuer Spectre mais aussi la décision romantique qu’on peut avoir. Mais en dehors de ça, les petites variations ne changent pas vraiment l’histoire finale.
Vous pouvez le voir dans mon playthrough sur Youtube, mais de mon côté, j’ai assez épaulé Invisimeuf que pour qu’elle fasse le bon choix et reste du bon côté à la fin, j’ai choisi le côté romantique avec Aurore, j’avais retiré Coupé de l’équipe et je l’ai réintégrée à la fin du jeu … mais allez voir le reste et vous verrez mes décisions, bonnes et mauvaises.
En conclusion …
J’aime beaucoup les jeux narratifs et ces dernières années je n’avais eu que les aventures horrifiques proposées par Supermassive Games (Until Dawn, The Quarry, la série The Dark Pictures Anthology, …) ou du Quantic Dream mais qui n’a plus rien sorti depuis le Detroit: Become Human de 2018. J’avais vraiment été hypé par les premières annonces de Dispatch et de voir ce qu’il proposait et je n’ai pas du tout été déçu.
Une histoire vraiment chouette, des personnages intéressants, un gameplay intéressant, une superbe réalisation, il n’y a pas grand chose qu’on puisse lui reprocher et il fait partie de mes jeux de l’année.
Si vous êtes un tant soit peu amateur de ce genre de jeu et de ce type d’histoire, soit vous l’avez déjà essayé, … soit … qu’attendez-vous ?
Il reste 2 questions, aura-t-on droit à une suite ? Et qui se cache dans le costume de chat géant ?

