F1, Le film – Vroum ? Vroum !

Mes premiers souvenirs de Formule 1 remontent à des morceaux de course des saisons 1990 et 1991. À partir de l’année suivante, j’ai commencé à davantage suivre le sport, à le regarder régulièrement et m’y intéresser de plus en plus au fil du temps. C’est un monde complexe qui va bien au-delà des courses et qui me passionne toujours autant, même si beaucoup de choses ont changé au fil du temps.

Sylvester Stallone s’était frotté au début des années 2000 à un projet de film basé sur le monde de la F1 avant de devoir transformer son « Driven » en le plaçant dans l’univers de monoplaces américaines pour diverses raisons créatives et commerciales.

Mais le regain d’intérêt pour la discipline depuis le milieu des années 2010, associé au succès de « Formula 1 : Pilotes de leur destin » sur Netflix, qui ajouté une narration autour des courses pour attirer le grand public avec du buzz et des « rivalités », a permis le développement de ce projet, produit également par Lewis Hamilton, qui a eu le support complet de la FIA et du « Formula One Group« .

Pour retranscrire avec succès et réalisme le monde de la F1 ?

Présentation

Sonny Hayes (Brad Pitt) était un pilote de Formule 1 prometteur au début des années 1990, pilotant chez Lotus avec son équipier Rubén Cervantes (Javier Bardem), mais sa carrière a été écourtée par un grave accident. 30 ans plus tard, après divers soucis d’addiction aux paris et une vie maritale mouvementée, Sonny semble avoir trouvé une forme de paix intérieure vivant de petits contrats qui le mènent de courses en courses, sans attache à long terme.

Après avoir remporté les 24 heures de Daytona, Sonny voit son passé ressurgir lorsque Rubén vient lui demander de l’aide. Ce dernier a racheté une écurie de Formule 1, APX, mais après 2 saisons et demie, ils n’ont toujours pas marqué le moindre point et leur pilote principal vient de quitter le navire. Il propose à Sonny de prendre sa place avec un objectif plutôt compliqué car si APX ne remporte pas de course cette saison, les investisseurs vendront l’écurie.

Le film est sorti au cinéma le 25 juin 2025

Critique

Je ne sais pas trop par où commencer car j’ai à la fois envie de dire beaucoup de bien du film tout en nuançant pas mal de choses.

Visuellement, Joseph Kosinski, qui était également réalisateur du dernier « Top Gun : Maverick« , rend une copie assez propre. Assez classique dans les scènes plus calmes, il réussit à nous plonger au cœur de l’action durant les courses en mêlant prises de vues similaires à celles qu’on peut voir en suivant une véritable course de F1 mais aussi en offrant des angles inédits et une immersion totale sur certains moments et points de vue. Dommage qu’il abuse un peu trop de certains gimmicks (comme la caméra qui pivote pour suivre la voiture en train d’être dépassée qui est répétée trop de fois de manière identique) mais il est aussi un peu dommage que les autres scènes manquent justement de punch et soient bien souvent lisses et classiques.

Les personnages sont assez cohérents même s’ils restent plutôt ancrés dans leur archétype de départ et qu’on peut vite deviner leur destinée. Pitt joue très bien le connard sûr de lui et Damson Idris incarne très bien Joshua Pierce, le jeune loup aux dents longues qui refuse d’écouter même les conseils bienveillants. Leur relation, leurs évolutions et leurs échanges, ainsi que les motivations de Rubén, sont assez bien écrites à défaut d’être des plus originales.

Le film pêche néanmoins à donner complètement vie à ses personnages féminins. Passons sur Sarah Niles (vue aussi dans Ted Lasso) qui incarne la mère de Joshua avec justesse et qui remplit bien son rôle. On peut regretter qu’une partie de l’écriture de Kate McKenn, la Directrice Technique d’APX incarnée par Kerry Condon, la fasse trop vite devenir un simple love interest mettant vite de côté la complexité présentée du personnage initial. Et que dire de Callie Cooke, qui joue la mécanicienne Jodie, qui est mise en avant sur le début du film comme si une intrigue secondaire allait lui être consacrée avant que tout ne soit résolu en un dialogue magique et qu’elle n’ait plus aucun impact sur l’histoire ensuite. Dommage.

Au niveau du réalisme ou de la cohérence des situations, il faudrait presque faire 2 critiques différentes selon les attentes des 2 publics ciblés par le film : les fans de F1 et le grand public en général.

Pour le grand public, c’est un film à grand spectacle plutôt réussi. L’intrigue est plutôt cousue de fil blanc avec des rebondissements plutôt prévisibles, en revanche, le spectacle est bien présent. Les courses sont vraiment immersives et intenses, scotchant le spectateur à son siège, lui faisant vivre l’adrénaline de la course comme s’il y était. On reste sur des situations réalistes avec des courses plausibles et je ne suis pas du tout étonné de la réussite du film auprès de ce public.

Pour les fans de F1, ce que j’ai dit juste au-dessus reste valable majoritairement : l’intrigue est prévisible parfois mais le spectacle est grandiose et ça compense bien. Mais il y a des points qui vont bien plus vite ennuyer les plus « spécialistes ». Si certains éléments sont plutôt mineurs (le calendrier qui n’est pas très réaliste, quelques incohérences visuelles car le tournage a eu lieu lors de 2 saisons distinctes, le changement d’un seul élément qui transforme les performances de toute la voiture, …), il y en a d’autres qui sont plus regrettables.

Sans qu’ils doivent être primordiaux à l’intrigue, il aurait été intéressant de montrer qu’un week-end de Formule 1, ce n’est pas juste la course du dimanche. On a souvent ici l’impression que c’est au moment du départ que les pilotes voient enfin le potentiel de leur voiture. Or, lors d’un Grand Prix classique, il y a plusieurs séances d’essais qui servent à peaufiner les réglages et tester les évolutions qui sont ici complètement oubliées alors que ce sont des moments primordiaux pour une écurie.

Et quand aux qualifications, si elles sont régulièrement citées pour dire que les personnages partiront des places X et Y, on ne les voit à aucun moment alors qu’il s’agit de vrais moments de suspens lors d’un week-end de course et qu’elles auraient pu apporter d’autres moments dramatiques.

Là où ça se gâte « encore plus », c’est dans la cohérence des courses elles-mêmes. Avoir une voiture qui se qualifie péniblement dernière mais qui dépasse la moitié du peloton en 2 tours, tenir un rythme soutenu sur piste très mouillée avec des pneus pour piste sèche, dépasser « facilement » sur des circuits où il est au contraire très compliqué de dépasser, utiliser son DRS pour se défendre quand on est en tête ou encore provoquer des collisions volontaires, ce ne sont que quelques exemples qui vont faire qu’un fondu de F1 risque de se crisper par moment. Je ne vais pas revenir point par point sur tout ce qui est faux par rapport à une vraie course, ça reste un film, mais c’est sur ce genre de choses que le film perd en authenticité pour les fans.

Mais le film s’adresse bien plus à des néophytes qu’il tente de convertir aux vraies courses qu’aux personnes déjà captives depuis longtemps de l’univers de la F1.

Je vais tout de même conclure sur une autre note positive : l’inclusion dans « le monde réel ». Ils ont eu la chance de pouvoir être, lors de certaines courses, présents sur les circuits comme une véritable onzième écurie et de pouvoir tourner sur place, en faisant apparaître les vrais pilotes et en utilisant à la fois des prises de vues de vraies courses modifiées mais aussi en ayant pu faire tourner des monoplaces customisées lors de certaines séances spécifiques. Ça semble accessoire mais ça permet vraiment d’ancrer un peu plus encore le récit dans le réel … et faire la promotion de la vraie F1 en même temps sans doute.

Même si je ne serai pas surpris qu’au vu de l’égo de certains pilotes, il y ait eu des clauses aussi pour ne pas voir tel pilote se faire dépasser ou autre, comme « l’étrange » totale absence de Max Verstappen sur le moindre plan de la dernière course.

Et malheureusement, pas de cameo de notre Gaëtano et de son calepino !

Conclusion

Mais ai-je aimé le film ? Oui, j’ai passé un bon moment au cinéma. J’ai levé les yeux sur certaines séquences, je regrette l’emphase uniquement sur les courses mais je ne peux pas dire que j’ai passé un mauvais moment ni que c’est un mauvais film.

Il est assez fou visuellement lors des courses, on s’accroche au fauteuil pendant les moments intenses (et dans mon cas on freine et on tourne avec les pilotes aussi), on suit l’histoire sans déplaisir et au vu de la politique commerciale de la F1 et des premiers retours sur le film, il ne serait pas étonnant de voir une suite d’une manière ou d’une autre prochainement.

Il est assez haut dans mon classement personnel de l’année actuellement, mais elle est loin d’être finie.

Bande-annonce (VO-ST Fr)

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