J’ai toujours aimé les jeux de la série Borderlands. Jeux de tir à la première personne, généralement sur une immense planète à explorer, avec des centaines d’armes à pouvoir ramasser et des combats à foison, le tout dans une ambiance où l’humour trash s’associe avec des vannes qui ne volent pas très haut. Sans être des jeux exceptionnels, ils ont créé un univers complexe et des personnages attachants.
Et franchement, quand j’ai entendu parler d’une adaptation au cinéma, j’ai réellement pensé qu’il s’agissait d’une franchise qui pouvait trouver sa place sur les grands écrans et avec laquelle il y avait la possibilité de faire un bon film. Est-ce que cette première intuition était la bonne ?
Présentation
Lilith (Cate Blanchett) est une chasseuse de prime qui accepte un nouveau contrat donné par le grand chef d’entreprise Atlas (Edgar Ramírez) qui consiste à se rendre sur la Planète Pandora pour y retrouver sa fille Tina (Ariana Greenblatt) qui aurait été kidnappée par l’un de ses anciens soldats Roland (Kevin Hart). Très vite accompagnée du robot Claptrap (doublé par Jack Black), elle va se rendre compte que l’histoire est bien plus complexe et que Tina serait la clé, au sein propre, qui permettrait d’ouvrir « l’Abri », une mystérieuse cachette où se trouveraient richesses ainsi que les secrets d’une civilisation aujourd’hui disparue.
Le film est sorti au cinéma le 7 août 2024
Critique
Commençons par parler de ce que je trouve réussi dans le film.
La direction artistique en général est fidèle à l’univers du jeu, on reconnait des éléments connus et il y a certains choix visuels qui sont bien réussis.
Le personnage de Claptrap, le robot casse-pied-comic-relief, est proche de son modèle également, que ça soit visuellement ou dans sa manière de parler tout le temps pour rien. Il a d’ailleurs réussi à me faire esquisser l’un ou l’autre sourire dans certaines de ces scènes.
Malheureusement … la liste des choses positives s’arrête ici.
Le projet était ambitieux et je suis resté optimiste sur les tout premiers visuels publiés mais dès la première bande-annonce, on voyait vers quoi on se dirigeait.
La mise en scène est banale au possible, sans originalité ni moment d’éclat, dans la moyenne des films médiocres qu’on oublie à peine visionnés. Eli Roth est à la réalisation (et à l’écriture mais on y reviendra) et s’il possède quelques succès au compteur, principalement via des films d’horreurs basés sur le gore, il n’a que peu d’expérience de films « plus classiques » et à chaque fois sans grande réussite. Il faut croire que c’est quelque chose qui ne lui convient pas car encore ici, on a l’impression que son job a été de poser la caméra et regarder ce qu’il se passe, sans essayer d’insuffler quelque chose de plus.
Si la DA est fidèle au jeu, sa réalisation pratique par contre fait vraiment cheap avec beaucoup de scènes qui donnent soit l’impression d’avoir été tourné sur un fond vert trop visible, soit de voir les personnages évoluer dans des décors qui ont l’air d’avoir été bricolés avec 2/3 bouts de cartons.
Parlons des personnages justement. Si Claptrap est à mes yeux « le plus réussi », il n’a ni profondeur ni d’impact sur l’histoire autre que d’essayer de nous faire sourire, parfois avec succès.
Lilith est techniquement le personnage principal et donc le plus « approfondi » de tous. Mais les diverses « révélations » au fil de l’histoire sont toutes prévisibles au possible et ce n’est pas aidé par le jeu de Cate Blanchett qui semble souvent avoir plutôt envie d’être ailleurs. (Déjà que c’est une actrice que je n’apprécie pas particulièrement…).
L’autre personnage central est Tina. Jeune fille au passé « quelque peu mouvementé » dont l’amour des explosifs n’est égalé que par sa folie, elle est dans mes PNJ préférés de l’univers du jeu. Le film n’a gardé que son amour des explosifs et le côté « enfantin » de ses armes (des peluches explosives), oubliant de lui donner une vraie profondeur et une personnalité autre que celle d’une gamine un peu insupportable.
Et je ne vais pas m’étaler sur les autres qui ne sont que des archétypes sans saveur, principalement présents pour résoudre une ou deux situations précises en oubliant de leur donner de vraies interactions et un sentiment de vie. Pauvre Jamie Lee Curtis qui avait rejoint le projet car elle aimait la franchise…
Il y a une chose que j’ai souvent du mal à comprendre. Pourquoi vouloir tant s’éloigner des histoires racontées dans un jeu vidéo lorsqu’on décide de l’adapter au cinéma ? Les exemples sont légion et on tombe encore sur le cas ici.
Je ne dis pas qu’il faut raconter point par point la même histoire, il faut bien sûr s’adapter au support et il n’est pas forcément possible de raconter la même chose dans un média « passif » comme le cinéma que dans l’interactivité apportée par le jeu vidéo. Mais on se retrouve à nouveau ici devant un exemple d’univers riche, possédant un scénario complexe et des personnages forts transformé en histoire déjà vue et revue, avec une menace presque inexistante et une conclusion connue dès le début.
N’aurait-il pas été plus intéressant de centrer le récit sur le « Course à l’Arche » (comme le premier volet) en suivant un groupe de Chasseurs (qui pourraient être à peu près les mêmes personnages si on les rend plus profonds) et en prenant un antagoniste mieux construit, comme pouvait l’être « Handsome Jack », plutôt que les clichés que nous avons eus ici ?
Terminons sur un autre acte manqué du film : les armes. S’il y a une chose pour laquelle la franchise est connue, c’est pour l’hallucinant nombre d’armes que l’on y trouve, de type divers et possédant souvent des capacités particulières, la « course au loot d’une bonne arme » est un élément clé des jeux. Rien de tout ça ici, en dehors d’une ou deux allusions dans quelques dialogues, il manque vraiment un focus sur cette partie de l’univers, tout comme les boucliers personnels, qui dans le jeu sont des moyens de se protéger un peu et qui ici deviennent des protections qui semblent impossibles à pénétrer par des armes « normales » … l’on peut alors se demander pourquoi tout le monde n’en possède pas…
Conclusion
Vous l’avez compris, je ne vais pas y passer des heures, Borderlands est véritablement une déception.
J’irai même plus loin en disant que c’est vraiment un gâchis d’une licence qui avait toutes les clés en main pour disposer d’une adaptation qui pouvait donner un divertissement réussi.
Mais ici ce n’est même pas ça, des personnages creux parcourant une histoire cousue de fil blanc, sans surprise et sans saveur … le film a néanmoins le mérite de nous faire seulement perdre environ 1h30.