Le Comte de Monte-Cristo – Le Blockbuster français de l’été 2024

De retour au cinéma, mais cette fois pour un film français. Produit et réalisé par une partie de l’équipe en charge du diptyque « Les 3 Mousquetaires » de 2023, il s’agit d’une adaptation de « l »autre roman connu » d’Alexandre Dumas. Une histoire de vengeance dans la France post-Napoléonienne du début du XIXème siècle, qu’est ce que ça donne ?

Présentation

La vie semble sourire au jeune Edmond Dantès (Pierre Niney) : il va être nommé Capitaine d’un bateau et va pouvoir épouser la femme de ses rêves, la belle Mercédès Herrera (Anaïs Demoustier). Mais sa réussite ne plait pas à tous, le jeune Edmond se retrouve arrêté, accusé d’être fidèle à Napoléon. Accusé par son ancien Capitaine Danglars (Patrick Mille) et trahi par son ami jaloux Fernand de Morcerf (Bastien Bouillon), il se retrouvé exilé à la Prison d’If par le procureur Gérard de Villefort (Laurent Lafitte).

C’est là qu’il fera la connaissance de l’abbé Faria (Pierfrancesco Favino) qui le prendra sous son aile, va parfaire son éducation et lui parlera d’un grand trésor caché. C’est avec son nouvel allié qu’Edmond préparera petit à petit sa future évasion et sa vengeance.

Le film est sorti au cinéma le 28 juin 2024

Critique

En allant voir une adaptation littéraire d’une durée de 3 heures, on peut vite s’inquiéter de risques d’ennui et d’endormissement. Et encore plus si on prend en compte les à priori habituels sur le cinéma français. Mais non, c’est une belle surprise, Le Comte de Monte-Cristo est un bon film.

Le film repose principalement sur les épaules de son acteur principal : Pierre Niney. N’offrant que peu de fausses notes, il remplit parfaitement le contrat et l’on peut en effet voir que tout le film a été construit entièrement autour de sa participation. Passant selon les scènes d’une émotion à une autre, jonglant avec les diverses identités de son alter-ego, il est la plus grande réussite du film.

Le reste du casting est très correct également avec une mention particulière pour Laurent Lafitte qui fait toujours aussi bien « le petit connard prétentieux ». Les autres rôles (majeurs ou mineurs) sont bien incarnés même si la qualité du jeu d’acteur est parfois plus variable avec certaines scènes qui semblent même trop théâtrales ou semble être une déclamation de tirades au lieu d’une scène jouée. Ça entache certaines scènes, surtout quand.

Le film est visuellement superbe, de très beaux décors, des lieux bien choisis et bien mis en évidence, très joli à voir. La bande originale est très belle également avec peut-être le petit souci que le film ne nous laisse aucun moment « de calme » ou de silence, il y a toujours une trame sonore dans le fond pour marquer le moment en cours alors que parfois un moment plus calme aurait été le bienvenu.

L’histoire se laisse suivre sans déplaisir mais sans trop de surprise non plus. Certains moments importants sont un peu trop prévisibles, que ça soit à cause de l’intrigue elle-même mais aussi parfois du jeu d’acteur. Il est évident qu’une adaptation assez « classique » d’un roman datant des années 1840 n’allait pas renverser les conventions et ça ne m’a pas empêché de prendre du plaisir à suivre l’histoire, même si j’en connaissais déjà les grandes lignes.

Narrativement, certaines choses plus précises me chiffonnent, j’en parle plus bas dans la zone Spoilers.

! Attention ! Spoilers !

Pour ceux qui ont vu le film ou qui s'en fichent de connaître des moments importants de l'histoire ou la fin, voici la zone spoilers.

On va le faire de manière chronologique.

Le film fait le choix évident d’adapter l’histoire originale et de ne pas tout transposer à 100%. Simplifications par ci, petits ajouts par là, le film prend des libertés avec le média d’origine, chose que je ne lui reproche absolument pas car faire tenir toute l’œuvre en 3 heures, ce n’est pas chose simple et en plus de ces adaptations diverses, on se doute que des choses ont aussi été coupées au montage.

Dans les manquements, on peut penser au petit personnage de Maximilien Morrel, petit fils de l’armateur, vu dans les premières scènes et présenté tel un personnage qu’on croisera plus tard pour ne plus jamais le revoir.

Ensuite, j’ai du mal à trouver les mots exacts mais j’ai un souci avec le destin d’Angèle (Adèle Simphal), personnage absent du roman et créé pour le film. Présentée comme une femme forte, sûre d’elle et indépendante, son destin bascule après 2 scènes et demi lorsqu’elle ose confronter Gérard de Villefort, son frère, qui s’en débarrasse en la faisant se prostituer. Il y a un je-ne-sais-quoi dans ce destin « tragique » qui me chiffonne alors que le personnage aurait pu être mieux exploité. Même si elle a une autre influence dans l’histoire, ça reste mineur et maladroit de mon point de vue.

D’ailleurs, en parlant de Gérard de Villefort, le frère en question, si Laurent Lafitte le joue très bien, le personnage en lui-même est par moments bien mal écrit. Envoyer volontairement en prison un innocent pour sauver sa sœur (et son honneur) avant de l’étrangler et de la vendre le soir-même sans exprimer la moindre émotion ne semble pas le plan le plus malin qu’il était possible de faire. Et de même avec le procès et la confrontation avec son fils où l’on se dit qu’un procureur si chevronné pourrait argumenter face à un petit jeune qui n’a pour preuves que sa parole. De plus, sa mort rapide juste ensuite laisse un goût amer à la « vengeance » d’Edmond.

Parlons justement des vengeances d’Edmond. Je trouve qu’on reste loin du Dantès « originel » qui finissait par se prendre pour Dieu en choisissant qui pouvait vivre et mourir et en accordant sa propre grâce et qui le conduira à se poser des questions sur le fait de se faire justice lui-même une fois sa vengeance accomplie, ce qui n’est pas le cas ici. On reste sur une vengeance « plutôt classique », qui en plus s’enchaîne très rapidement en une seule journée.

Et finalement, quelle tristesse que ce « duel » entre Edmond et Fernand de Morcerf. Une chorégraphie peu inspirée, un rythme bien trop bancal, on pouvait s’attendre à mieux de ce qui est au fond la seule confrontation physique d’Edmond avec l’un de ses ennemis, avec en plus un côté presque super-héroïque de « je tombe de haut et on me transperce avec une épée cassée mais pas de soucis, je me relève » … déçu de ce final.

[collapse]

Conclusion

Malgré les défauts que je cite ci-dessus, j’ai tout de même apprécié le Comte de Monte-Cristo. On ne voit pas les 3 heures se dérouler (sans doute à cause du nombre de choses à placer dans ce temps) et l’intrigue est agréable à suivre. Le film est loin d’être parfait mais si vous aimez ce genre de films et d’histoires, vous apprécierez ce film.

Bande-annonce

Laisser un commentaire