Difficile de s’y retrouver dans une série qui existe depuis maintenant 61 ans … pourtant cette nouvelle saison de Doctor Who est prévue pour être un point de départ idéal pour un néophyte, sans pour autant renier son immense passé. Alors, est-ce que ce re-reboot fonctionne ? Voici ce que je pense de cette « Saison 1 » … qui est la saison 14 depuis le reboot de 2005 … et la 40ème depuis 1963 … timey wimey …
La série est disponible depuis mai 2024 sur Disney+
Présentation
Comment présenter une série vieille de 60 ans en quelques mots ?
Doctor Who nous propose de suivre les aventures d’un personnage qui se nomme « Le Docteur ». Qui est-il ? Un extra-terrestre, un Seigneur du Temps plus précisément, qui voyage à travers le temps et l’espace à bord de son vaisseau : le TARDIS.
Les Seigneurs du Temps ont une autre capacité (très utile aux créateurs de la série) : la Régénération. En effet, lorsque l’un d’eux est proche de la mort, que ça soit par une blessure, maladie ou autre, le corps se régénère en un autre corps, gardant les souvenirs et mémoires des incarnations précédentes mais ayant un nouveau physique mais aussi une personnalité différente. C’est ce qui a permis au Docteur d’être incarné par 14 acteurs différents dont les derniers et plus connus sont Christopher Eccleston, David Tennant, Matt Smith, Peter Capaldi, Jodie Whittaker et aujourd’hui Ncuti Gatwa.
Le Docteur voyage rarement seul, il est régulièrement accompagné de compagnons lors de ses aventures, en grande majorité des humains. Pour cette nouvelle saison, le Docteur est accompagné de la jeune Ruby Sunday (Millie Gibson), une orpheline autour de laquelle planent quelques mystères qui intéressent notre protagoniste.
Les saisons de Doctor Who sont généralement construites de petites histoires individuelles qui amènent petit à petit un fil rouge qui mène à un grand final. Est-ce le cas cette fois-ci ?
Critique
Difficile situation où j’ai du mal à savoir à quel point j’ai aimé cette saison. Premier point, même si une partie du marketing a présenté cette saison comme étant une nouvelle « saison 1 », principalement car en partie produite désormais par Disney, j’ai fait le choix, comme une majorité de publications qui en parlent, de continuer la numérotation débutée avec le revival de 2005 et donc de parler ici de 14ème saison.
Prenons la série points par points et à tout seigneur (du temps, haha … hum, pardon), tout honneur, que penser de Ncuti Gatwa en tant que 15ème Docteur ? Il apporte vraiment une touche différente au personnage en proposant un Docteur qui semble pourvu d’un naturel plus joyeux et plus extraverti. Ça ne l’empêchera pas d’avoir des moments d’émotion ou de colère, des nuances que l’acteur joue parfaitement aussi et il est l’une des réussites de cette saison.
Millie Gibson apporte aussi une dose de fraicheur en incarnant Ruby Sunday. On sent immédiatement une vraie alchimie entre les 2 acteurs qui semblent prendre leur pied à jouer ensemble. Je reste néanmoins un peu plus sur ma faim sur le personnage en elle-même. On en reparlera plus bas mais parfois trop de choses semblent tourner autour d’elle sans avoir de véritable justification.
Mais si la série possède un gros défaut selon moi, c’est son trop petit nombre d’épisodes. Seulement 8 épisodes, ce qui en fait la saison la plus courte depuis le retour de la série en 2005, à l’exception de la saison 13 transformée et réduite à 6 épisodes pour cause de COVID. Et ce n’est pas juste pour dire « on aurait aimé en voir » mais aussi parce que le faible nombre d’épisodes dessert la série. Il n’y a que trop peu de place pour développer les personnages ce qui fait qu’on arrive très vite à avoir un Docteur et une Ruby très complices alors qu’ils viennent à peine de se rencontrer, ce qui fait perdre de la crédibilité à leur relation par moment.
Au niveau des épisodes, c’est un peu du 50/50 avec du très bon par moments (Comme « Boom » ou l’étrange « 73 Yards ») mais d’autres plus dispensables (« Space Babies » ou certaines phases des épisodes finaux…). Mais aucun épisode n’est réellement mauvais non plus et on passe toujours un bon moment à suivre leurs péripéties, je les détaille un peu plus dans la partie Spoilers.
Cette saison a aussi pris le pari osé mais réussi de tendre vers le surnaturel pour certains événements, quelque chose qui n’a pas encore été réellement expliqué mais qui pourrait avoir été causé directement par les actions du Docteur dans le très bon épisode « Wild Blue Yonder » de décembre dernier.
Des choses bizarres et (jusqu’à présent) inexpliquées se passent mais il ne serait pas étonnant que des lumières y soient un peu apportées dans la suite, le showrunner Russell T Davies (déjà à l’œuvre entre 2005 et 2009 pour le précédent retour de la série) ayant déjà annoncé que l’histoire qui tenait à raconter à la base tenait dans les 2 premières saisons.
Si elle n’est pas dans les « meilleures saisons ever » de Doctor Who, elle pose néanmoins de très bonnes fondations pour la suite, car il y a déjà 2 nouvelles saisons de prévues et un retour du Docteur dès Noël pour le traditionnel épisode spécial.
! Attention ! Spoilers !
Attardons-nous un peu plus sur certains épisodes.
Si on omet l’épisode spécial de Noël « The Church on Ruby Road« , la série commence directement par un duo d’épisodes qui semblent ne pas avoir de gros points communs entre eux.
Space Babies est un peu un épisode « cliché ». Un scénario qui pourrait finalement être celui d’un thriller dans l’espace mais avec des twists qui le rendent loufoques : un équipage de bébés qui parlent et un monstre littéralement créé à base de morves. L’épisode n’est clairement pas dans les meilleurs de la saison mais reste un épisode excentrique et parfois drôle.
The Devil’s Chord est cette fois plus un épisode « classique » de « revenons sur Terre mais quelque part dans le passé » avec une Ruby qui a envie de découvrir les Beatles jusqu’à ce qu’elle et le Docteur constatent qu’ils sont désormais dans un monde où un être nommé Maestro fait disparaître la musique dans le monde dans le but d’éradiquer la vie. Les numéros musicaux font de cet épisode un très bon divertissement sans qu’il soit non plus exceptionnel.
Arrive ensuite un quatuor d’épisodes qui sont vraiment la grande réussite de la saison.
Boom marque le grand retour de Steven Mofatt (Showrunner de la série entre 2010 et 2017 mais aussi scénariste de certains des épisodes les plus appréciés depuis 2005 comme « The Empty Child », « Blink » ou encore « Silence in the Library », 3 classiques !) dans un épisode à couper le souffle, plein de suspens.
73 Yards prend le pari de faire un épisode « sans Docteur » assez tôt dans la saison. Intriguant et inintéressant, il reste un épisode à part, à l’ambiance particulière centré sur une Ruby perdue et esseulée. Il est juste un peu dommage que la conclusion soit un peu trop « c’est magique et c’est comme ça » …
Dot and Bubble est un très bon épisode qui peut faire penser sur certains aspects à du « Black Mirror« . Peut-être un peu trop ambitieux sur certains points, il reste néanmoins de mon point de vue un temps fort de la saison.
Rogue est sans doute l’épisode qui ressemble le plus à une épisode « normal » de Doctor Who. Un voyage temporel, des extra-terrestres, de l’humour et du suspens, c’est sans aucun doute le point fort de la saison (avec Boom) et le casting est vraiment aux petits oignons.
The Legend of Ruby Sunday et Empire of Death forment cependant un diptyque final qui, sans être raté, n’est pas le grand final auquel on pouvait s’attendre avec un antagoniste dont l’histoire et le plan ne semblent pas toujours tenir la route mais aussi certaines révélations qui tombent un peu à plat.
Si les 4 épisodes du milieu survolent un peu la série, elle reste majoritairement de bonne qualité et on ne s’ennuie pas du tout en les regardant, même les épisodes les plus « faibles ».
Il reste encore des parts de mystère après ce final, principalement la mystérieuse Mrs Flood qui brise une nouvelle fois le quatrième mur pour s’adresser au spectateur lui annonçant un destin terrifiant pour le Docteur. Ça éveille la curiosité pour la seconde saison, en espérant que ça ne soit pas un élément survolé ou laissé sans explication.
Ce que je regrette le plus dans cette saison, c’est le mystère autour de Ruby qui retombe comme un soufflé quand on apprend que sa mère n’est finalement « personne de spécial » et que les éléments plus mystérieux (la direction pointée etc.) ne sont rien de plus que « des coïncidences ».
Conclusion
Mais finalement, est-ce une bonne saison de Doctor Who ? Elle a ses défauts, on a déjà connu mieux, mais elle reste une bonne saison pour la série et surtout un bon point de départ pour la suite.
C’est aussi (si on commence par l’épisode spécial « The Church on Ruby Road« ) un bon point d’entrée pour quelqu’un qui ne connait pas l’univers mais qui est curieux de la série. Les grandes mythologies habituelles de la série ne sont pas abordées, on découvre des choses petit à petit et c’est en énorme majorité de nouvelles choses qui ne nécessitent pas de déjà avoir vu la série.
Mais je ne serai pas étonné de voir revenir à l’avenir des antagonistes historiques de la franchise comme les Daleks, les Cybermen, les Anges ou encore une nouvelle incarnation du Maître ?
Vivement Noël et surtout l’année prochaine pour la suite !