Mobile Suit Gundam: The Witch from Mercury – Une série animée qu’elle est bien !

J’ai assez peu l’occasion d’écrire à propos d’animation japonaise sur le site et c’est quelque chose que je compte bien corriger. Et si en plus je peux vous parler de robots géants, de combats dans l’espace et de politique spatiale, j’ai certes perdu la moitié de mon lectorat sur cette phrase mais surtout ça veut dire que je peux vous parler de Gundam ! Sans doute la plus grande franchise de série de mecha (les robots géants), elle possède un univers long et complexe mais a eu régulièrement l’idée de lancer des petites séries « spin-off » qui possèdent leur propre histoire et qui ne nécessitent pas de connaître la série originale ou d’autres. Et c’est justement de la dernière-née que nous allons parler aujourd’hui « The Witch From Mercury » !

La série est disponible en intégralité sur Crunchyroll

Présentation

La série se déroule donc sur une timeline indépendante des autres séries Gundam, nommée « Ad Stella » (A.S.). Dans cet univers, après avoir commencé à l’explorer l’espace, l’humanité est divisée entre les Terriens et les habitants des colonies spatiales qu’on appelle Spaciens. La balance économique penche fortement du côté des Spaciens et des conflits ont régulièrement lieu entre les 2 factions. L’économie est principalement gérée par de grandes corporations qui utilisent majoritairement les fonds pour le développement spatial.

En l’an 101 A.S., des chercheurs mettent au point le « GUND« , une interface entre le cerveau et les machines permettant aux humains de contrôler des membres artificiels via leur système nerveux, dans le but de permettre à l’humanité de survivre plus facilement dans l’espace. Cette technologie est aussi employée pour créer de nouveaux Mobile Suit (les robots géants) pouvant être contrôlés par cette même technologie. Mais l’opposition est forte car une utilisation intensive de cette technologie a gravement blessé, et même tué, des pilotes à de la tension cérébrale trop élevée qu’elle cause. La technologie est déclarée illégale tandis que forces spéciales détruisent le complexe de recherche où elle était développée. Seules 2 personnes survivent au massacre : Elnora Samaya, une pilote d’essai et sa fille de 4 ans Ericht. (C’est l’intrigue de l’épisode 0 qui sert de Prologue à la série)

La série débute 21 ans plus tard, en 122 A.S., à l’Asticassia School of Technology, une institution scolaire gérée par la méga-corporation Groupe Benerit et qui forme à divers métiers autour des Mobile Suit : pilotes, mécaniciens, et autres. Une nouvelle élève de 17 ans arrive : Suletta Mercury. Provenant de Mercure, elle arrive comme élève pilote avec son propre Mobile Suit, l’Aerial, qui semble utiliser la technologie GUND. Dès son arrivée, elle croisera la route de Miorine Rembran, fille du PDG du Groupe Benerit et leurs chemins vont vite être liés.

Critique

Découpée en 2 « saisons » de 12 épisodes chacune, la série nous propose de suivre l’évolution de Suletta, de candide et naïve à son arrivée jusqu’à devenir un personnage bien plus complexe. C’est clairement l’un des points forts principaux de l’histoire. Au fil des épisodes, on va la découvrir de plus en plus à mesure qu’elle se découvre elle-même et qu’elle évolue. C’est la première fois dans la franchise que le personnage principal est une femme et c’est un parti pris réussi. Drôle, touchante, émouvante, elle porte la série sur ses épaules et on ne peut que s’attacher à elle d’autant que c’est généralement à travers elle qu’on avancera dans les moments clés de l’intrigue.

Parlons justement un peu de l’histoire elle-même. La série fait le choix de proposer un rythme un peu bâtard avec une longue mise en place durant la majorité de la première saison, qui expose petit à petit les choses, met en place les relations et propose des intrigues plutôt légères, dans un « cadre scolaire » où tout (ou presque) est un peu un « jeu ». La fin de la première saison apportera un premier basculement, plutôt inattendu, qui envoie sur une seconde saison qui mettra en place des thèmes plus matures et fera évoluer tous les personnages. (Je parlerai un peu plus en détails de ça en zone spoilers). Et petit conseil si vous vous lancez dans le visionnage, il y a parfois des scènes « post-générique » qui peuvent être critiques pour la suite de l’histoire, ne zappez pas à l’épisode suivant dès le début du générique.

Les thèmes abordés dans la série sont plutôt classiques pour les amateurs de la franchise Gundam mais sont traités ici d’une manière parfois différente et avec un point de vue très humain montrant les conséquences globales d’événements mais aussi l’impact direct sur des personnages. Si elles sont des séries animées dont le public peut également être assez jeune, les séries Gundam ont l’habitude de traiter des thèmes plutôt adultes. On peut par exemple citer les effets de la colonisation spatiale qui représentent une critique socio-culturelle de notre propre monde, le fait que ce sont des séries qui ne se privent pas de montrer les horreurs de la guerre montrant la mort d’innocents mais parfois aussi de personnages plus importants auxquels on a pu s’attacher, et aussi, et c’est une des forces de la franchise, proposer un univers rarement manichéen,  où la frontière entre « les gentils » et « les méchants » reste floue et où ces rôles peuvent parfois s’inverser en cours d’histoire voire même se rendre compte qu’au final « tout le monde est un peu méchant ».

Mais revenons-en à cette série en particulier car si elle tourne principalement autour de Suletta, les autres personnages ne sont pas en reste et il y a 2 autres personnages centraux dans l’intrigue qu’on peut présenter en bref.

Miorine est donc l’héritière du Groupe Benerit, captive de son destin, « condamnée » à être la fiancée du détenteur du titre de Holder (le Champion on va dire) à l’Académie alors qu’elle est éprise de liberté. Si elle est plutôt froide, méfiante et distante au début de l’histoire, l’arrivée de Suletta et fait qu’elle devienne de facto sa fiancée dès le premier épisode va la faire évoluer pour devenir elle aussi une femme plus forte, prête à prendre des responsabilités mais aussi assumer les décisions qu’elle prendra. The Witch from Mercury est également la première série de la franchise à mettre réellement au premier plan des personnages LGBTQ, une autre belle chose à noter.

Le dernier personnage clé de l’histoire est Prospera Mercury, la mère de Suletta. Tout amateur de Gundam saura que c’est un personnage qui a quelque chose à cacher puisqu’elle est masquée et il est vrai qu’une certaine dualité du personnage sera vite mise en place car au-delà de servir de repère moral à Suletta, elle possède un agenda propre et bien plus complexe que ce que laissent entrevoir les premiers épisodes. Ce n’est pas pour rien si l’intrigue tourne autour de sa fille et du Mobile Suit qu’elle a contribué à construire.

Mais si je ne présente que ces 3 là, ça ne veut pas dire que les autres seconds rôles ne sont pas importants, loin de là, certains d’entre eux amenant à des moments critiques de l’histoire comme Guel, Elan, Shaddiq, Chuchu et d’autres encore.

Mais dans une série de Mobile Suit, il faut tout de même toucher un mot sur ces robots géants qui sont au centre de la franchise. Je trouve que la série réussit à rendre les affrontements plutôt dynamiques sans être répétitifs et surtout sans être un passage obligé de « chaque épisode ». La physionomie des combats va elle aussi changer au fil des épisodes mais j’en toucherai un mot en zone spoilers. Les designs des différents MS sont toujours réussis avec l’excellente idée de confier à des dessinateurs différents les machines de chaque constructeur, permettant de leur donner un style visuel propre.

! Attention ! Spoilers !

Pour ceux qui ont vu la saison, voici quelques détails de plus avec spoilers qui racontent des parties critiques de l'histoire.

Les deux derniers épisodes de la première saison (11-12) sont le premier point de bascule de la série. Certains enjeux politiques ont été placés petit à petit mais jusque-là la série propose un ton léger et une intrigue qui met surtout en avant les réussites des personnages et des duels entre certains d’entre eux qui sont en fin de compte des combats « pour du beurre » où personne ne se blesse réellement.

L’attaque de Plant Quetta (et les autres histoires autour) amènent ce changement de ton avec la véritable première attaque sanglante de la série, avec aussi le combat entre Guel et son père se terminant par la mort de ce dernier mais surtout avec le moment choc en post-générique du 12ème épisode où Suletta tue de sang-froid, en l’écrasant avec la main de l’Aerial, l’homme qui allait tirer sur Miorine et son père, tendant ensuite la main à cette dernière avec un sourire désinvolte.

Et c’est avec la seconde saison que tout s’accélère et que la série devient une montagne russe d’émotions, laissant au fil du temps de moins en moins de place aux moments légers qui ne deviennent que des respirations entre les moments graves : la violente mort de Sophie, la réalisation de la présence d’Ericht au sein de l’Aerial et la trahison de Prospera envers sa « fille » Suletta, le plan Quiet Zero, l’attaque sanglante sur l’école, etc., je ne vais pas tout raconter ici mais si vous avez vu la série, vous vous souvenez certainement clairement de ces moments.

Si la série se termine sur une note positive et optimiste, le chemin est long pour y parvenir. La seconde saison nous montrera surtout les hauts et les bas de Suletta qui, elle aussi, passe de la joie aux larmes pour au final choisir son propre destin et rester une balise d’espoir et de positivisme.

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Conclusion

Si vous ne connaissez pas Gundam et avez un tant soit peu de curiosité sur la franchise, c’est sans doute la meilleure série moderne pour la découvrir. Indépendante, passionnante sans être trop longue (un peu courte à mon goût même !), The Witch from Mercury est un condensé des meilleurs éléments de la franchise et une véritable porte ouverte au genre, d’autant qu’elle se tient en elle-même et n’appelle pas véritablement une suite. C’est sans conteste l’une de mes séries de l’année, elle m’a parfois profondément touché, elle propose des personnages profonds et attachants et réussit à proposer une intrigue qui garde un bel équilibre entre les moments plus légers et ceux plus graves dans une intrigue plus profonde que ce qu’elle nous montre au départ.

Et si jamais vous accrochez à ce type d’univers, passez ensuite sur Gundam SEED … vous m’en direz des nouvelles.

Bande-annonce (VO-ST Fr)

L’épisode 0 (Le prologue, gratuit sur Youtube)

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