Poker Face – Saison 1 – Bullshit ?

Je vous en avais déjà touché un mot en février dans ce « Découvrons un Pilote » , il y aura sans doute de petites redites dans la présentation mais cette série mérite clairement un article pour parler d’elle … même si cette phrase vous spoile déjà un peu mon avis final.

La série est actuellement inédite dans les pays francophones

Présentation

Cette série a été créée par Rian Johnson, réalisateur à succès de À Couteaux Tirés (Knives Out), sa suite Glass Onion ou encore Star Wars Épisode VIII.

Cette saison est composée de 10 épisodes qui, même s’ils disposent d’un petit fil rouge narratif initié dans ce pilote, sont vraiment des épisodes indépendants qui racontent chacun une histoire ou plutôt chacun une « enquête ».

Nous suivons les aventures de Charlie Cale (incarnée par Natasha Lyonne, déjà vue dans Orange is the New Black et Russian Doll) qui travaille comme serveuse dans un casino. Charlie possède une particularité : elle a la capacité innée de détecter quand quelqu’un lui ment.

Mais cette fois, pas de whodunit ou d’enquête pour trouver l’éventuel criminel, la série nous propose de repartir sur un format plus proche de celui du célèbre Columbo : dès le début, on sait qui est le criminel … il reste maintenant à le pincer.

Critique

Sur le papier, le projet avait pas mal de choses pour me plaire : un créateur dont j’apprécie l’œuvre, un type de série qui me plait et je vous avais dit en début d’année que j’avais aimé le pilote. Mais est-ce que ça tient la route sur la saison entière ? A l’instar de la série, je vais directement dévoiler ma conclusion : mais qu’est-ce que c’est bien !!

La série s’appuie sur 3 points forts majeurs : son personnage principal, ses acteurs invités et son écriture. Et les 3 réalisent presqu’un sans faute.

Natasha Lyonne incarne donc le seul personnage véritablement présent dans chaque épisode : Charlie Cale. Lorsqu’on la découvre dans le pilote, Charlie est serveuse dans un casino, un poste qu’elle a obtenu grâce au patron de l’établissement qui s’était pris d’affection pour elle. Mais les événements de ce premier épisode (je ne vais pas spoiler ici) vont la forcer à partir sur les routes américaines, à aller d’un patelin à un autre endroit perdu, en essayant de se faire le moins remarquer possible. L’actrice arrive parfaitement à incarner les facettes de ce personnage à la fois brut de décoffrage mais tellement remplie d’humanité. Elle dégage une sympathie immédiate et on ne peut que s’attacher à elle et prendre du plaisir à la voir dans ses mésaventures.

Des mésaventures où elle n’est pas seule car, à l’instar des Columbo de l’époque, chaque épisode possède son propre casting. A l’exception de 2 personnages qui vont intervenir dans plus d’un épisode, chaque épisode est l’occasion de découvrir de nouvelles têtes avec un casting aux petits oignons. Car au fil de la saison, on pourra découvrir, entre autres Adrien Brody, Benjamin Bratt, Chloë Sevigny, Joseph Gordon-Levitt, Judith Light, Luis Guzmàn, Nick Nolte, Ron Perlman, Simon Helberg, Tim Meadows et encore bien d’autres. Les personnages et leurs interactions sont de vrais modèles d’écriture et leur jeu est systématiquement dans le bon, qu’ils ou elles soient victimes, coupables ou autres.

L’écriture globale de la série est à mettre en avant aussi. Chaque épisode nous plonge dans un microcosme différent mais se présente sous une forme similaire. Un premier acte qui nous montre un homicide (laissant parfois planer le doute sur les raisons de celui-ci), un second qui remonte en général quelques jours en arrière pour nous montrer soit l’arrivée de Charlie sur les lieux ou au moins montrer les raisons de sa présence et un dernier « gros tiers » où l’on peut voir la partie « enquête » de Charlie et sa manière d’essayer de coincer l’assassin. Un format qui peut sembler vite répétitif mais les nouveaux lieux et les situations différentes font que la série n’est pas redondante, d’autant que, même en seulement 10 épisodes, certains d’entre-eux jouent avec les codes établis pour nous sortir de nos habitudes et à nous présenter des situations plus surprenantes comme « Escape from Shit Mountain » par exemple.

Alors tout n’est pas parfait et de rares épisodes sont un peu plus faibles ou ont un dénouement qui paraît évident assez vite mais dans la grande majorité des cas, il n’y a que peu de critiques à faire sur l’intrigue et les rares faiblesses scénaristiques sont compensées par le plaisir pris en général. Le fil rouge narratif se suit bien dans l’ensemble et le dernier épisode de la saison réussit à clore les histoires lancées dans le pilote tout en ouvrant la porte sur une possible suite qui a depuis été confirmée.

! Attention ! Spoilers !

Pour ceux qui ont vu la saison, voici quelques détails de plus avec spoilers qui racontent des parties critiques de l'histoire.

Petit espace spoilers très rapide pour parler de manière plus précise des moments que j’ai pu préférer dans la saison.

Le pilote est brillamment écrit, comme déjà dit dans l’article qui en parle, et il met vraiment tout en place pour le reste de la saison et donne le ton qu’aura la franchise entière.

Difficile de vraiment faire un classement des « meilleurs épisodes » car j’ai systématiquement pris du plaisir devant eux mais pour ne citer que quelques moments marquants : le twist final de « Rest in Metal » avec la mélodie reprise d’un vieux générique, l’introduction de « Exit Stage Death » où l’on cherche à deviner qui veut réellement tuer qui, le destin tragique du personnage d’Arthur (le créateur d’effets visuels incarné par Nick Nolte) dans « The Orpheus Syndrome » se sentant coupable à tort pendant des années (même si la fin de l’épisode est un peu plus faible), la situation particulière et les différents twists de « Escape from Shit Mountain » et bien entendu l’épisode final que ça soit pour voir la dépression progressive du pauvre Cliff (Benjamin Bratt) mais aussi pour l’intrigue générale, même si j’aurai préféré voir Ron Perlman plus longtemps.

[collapse]

Conclusion

La série possède un inconvénient majeur : à l’heure actuelle il n’est pas possible de la voir en Français ni de la voir de manière « traditionnelle » en VO. En dehors de ça, difficile de ne pas faire d’elle l’une des séries à voir absolument dès que vous en avez la possibilité. Chaque épisode est un petit bijou et je ne peux qu’attendre avec impatience de retrouver les pérégrinations de Charlie dans la seconde saison prévue pour 2024.

Bande-annonce (VO sans sous-titres)

Laisser un commentaire