Spider-Man : Across The Spider-Verse – Un feu d’artifice visuel qui possède ses limites

Lorsque Spider-Man: Into the Spider-Verse est sorti en 2018, il a créé un vent de fraicheur dans les films d’animation avec un mélange de diverses techniques anciennes et modernes ainsi que des idées totalement inédites qui en faisaient un film visuellement unique. Mais ce n’était pas la seule réussite car son histoire a également été plébiscitée tout comme l’écriture globale des personnages. 5 ans plus tard, sa suite arrive au cinéma avec la lourde tâche de faire au moins aussi bien mais cette fois sans l’effet de surprise. Alors qu’est ce que ça donne ?

Présentation

Un peu moins d’un an et demi se sont écoulés depuis la fin de « Into the Spider-Verse » . Sur Terre-65, Gwen Stacy, la Spider-Woman de cet univers, intervient lorsque le Vautour attaque. Elle comprend immédiatement qu’il s’agit d’une version venant d’un monde parallèle mais réussit, grâce à l’arrivée de 2 autres « Spider » (Miguel O’Hara et Jess Drew), à le stopper. Elle apprend que ses derniers ne sont pas non plus de son univers et possèdent une technologie permettant de voyager entre les dimensions. Alors qu’elle est sur le point de se faire arrêter par son père, Gwen décide de lui dévoiler sa véritable identité mais se retrouve face à l’incompréhension d’un père se sentant trahi par les mensonges qui désire tout de même l’arrêter. Se sentant abandonnée, elle convainc Miguel et Jess de pouvoir partir avec eux.

Pendant ce temps, sur Terre-1610, Miles Morales a pris goût à être le Spider-Man local en réussissant à jongler entre les bonnes notes à l’école dans le but d’aller à Princeton et son identité secrète, mais ses cachotteries ne font qu’augmenter les tensions entre lui et ses parents. Il se retrouve à devoir affronter The Spot (La Tâche en VF …), un scientifique qui a été transformé lorsque Miles a détruit l’accélérateur à la fin du premier volet. Si la menace ne semble pas très dangereuse au départ, le danger devient tout autre quand The Spot découvre qu’il est capable de voyager de dimensions en dimensions et qu’il peut se servir de ça pour devenir plus puissant et se venger de Miles, la source de ses problèmes.

Le film est sorti au cinéma le 31 mai 2023

Critique

Bon dieu que c’est beau ! Le film est à nouveau une véritable claque visuelle et même s’il n’y a plus l’effet de surprise du premier volet. Chaque personnage ou presque possède sa propre touche visuelle et le film réussit l’exploit de mélanger ces différents styles tout en gardant une certaine harmonie ou en causant volontairement un décalage qui entraîne un certain inconfort. C’est dans les scènes d’action, au rythme effréné, que le bas blesse un peu avec parfois des moments moins faciles à suivre à cause de ce croisement entre genres visuels parfois très opposés. L’ensemble reste généralement très lisible mais l’intensité de certaines scènes peut rendre leur vision physiquement fatigante pour le spectateur.

Musicalement aussi le film mélange les inspirations et propose une bande son diverse qui colle bien aux divers univers et qui est toujours dans le bon ton.

C’est au niveau de la narration que certaines choses ne sont pas parfaites. Le film propose des choses intéressantes au niveau de son histoire (on en parle aussi en zone Spoilers) mais se retrouve avec un rythme parfois assez bâtard passant de scènes rapides et intenses à des scènes très contemplatives aux monologues parfois très longs. Le film fait le choix de faire tourner une partie de son intrigue globale sur les conséquences des actes de Miles dans le premier volet, ce qui est une piste intéressante mais pour le moment pas assez exploitée.

« Pour le moment » ? Oui car pour celles et ceux qui ne le savent pas encore, en allant voir Across The Spider-Verse vous n’allez pas voir un film mais « la première partie d’un film coupé en deux ». La séance  s’arrête sur de multiples cliffhangers et donne rendez-vous pour la suite (Beyond The Spider-Verse qui doit sortir en 2024 en théorie, mais je ne serai pas étonné qu’il prenne du retard) afin de connaître la conclusion de l’histoire. C’est un point négatif de mon côté car, même dans le cas d’une série de 2-3-4-… films, j’aime qu’un film ait une fin, ne fus-ce que partielle, même si elle laisse des portes ouvertes et des choses « à traiter ensuite ». Un film doit pouvoir donner un sentiment de complétude au spectateur lorsque le générique commence et ce n’est pas le cas ici, on a juste l’impression d’avoir regardé une (longue) introduction et on reste sur notre faim.

Le casting des personnages reprend en partie ceux du premier volet mais s’appuie aussi sur de nouvelles têtes. Sans dévoiler des points de l’intrigue, on croisera de multiples versions de notre homme-araignée, basées sur divers comics, séries ou film. Le « multivers » reste toujours une partie centrale de l’intrigue et le film peut se permettre de faire référence à des variantes aussi diverses que celles du dessin-animé des années 1960, aux divers films sortis au cinéma ou à des comics plus obscurs.

Miles continue d’être le personnage central et c’est surtout son histoire qui est explorée mais le film se permet d’approfondir aussi d’autres personnages, en particulier Gwen Stacy qui possède des moments « à elle ». Si l’on excepte The Spot que je trouve trop vite survolé, les personnages actifs de l’intrigue ont tous l’opportunité de se montrer et d’avoir leurs petits moments. Miguel reste le plus mystérieux et il faudra attendre la suite pour sans doute comprendre plus en profondeur ses motivations.

! Attention ! Spoilers !

Pour ceux qui ont vu le film ou qui s'en fichent de connaître des moments importants de l'histoire ou la fin, voici la zone spoilers.

Car si The Spot nous est présenté comme l’antagoniste principal, force est de reconnaître qu’on a du mal à voir son côté menaçant dans les quelques rencontres entre lui et Miles. Certes il est présenté comme une « menace pour le multivers » mais il reste encore à nous montrer pourquoi.

Par contre, toute l’intrigue autour de la Spider-Society de Miguel semble plus intéressante. Ce camp qui se bat pour préserver un « canon » global dans les histoires des Spider-People pour s’assurer qu’ils aient tous des points fixes communs dans leur histoire comme la perte d’un proche, la mort d’un Commissaire, etc. avec leur théorie qui voudrait que changer ce canon aurait des conséquences catastrophiques, comme lorsque Miguel a essayé de remplacer une version de lui décédée dans un autre univers ce qui a causé la disparition totale de ce monde. Mais la démission du père de Gwen à la fin du film semble montrer que ce canon n’est pas forcément inévitable et qu’il y aurait la possibilité de plus de libertés dans leurs histoires.

Je vois dans cette intrigue un parallèle avec une certaine partie des fans de comics qui sont systématiquement outrés lorsqu’une histoire n’est pas « comme elle devrait l’être selon eux » et j’imagine un final montrant qu’on peut-être un « vrai Spider-Man » même si on se passe de ces passages. Aurais-je raison ?

On a également en intrigue de fond par moments et de manière frontale en fin de film les conséquences de l’absence d’un Spider-Man sur la Terre-42. L’araignée venue mordre Miles dans le premier volet venait de cette Terre ce qui donne un univers où Miles, ayant perdu son père, devient le Rôdeur à la place de son oncle. Ce monde mérite également d’être creusé et d’avoir une partie du prochain film qui lui serait consacré, en espérant que ça ne soit pas juste « Gwen et ses alliés viennent sauver Miles et on ne parle plus de Terre-42 ».

Pour finir, au-delà de sa Spider-Society, Miguel semble avoir des motivations personnelles plus profondes aussi, qui vont plus loin que le Spider-Man 2099 original, qui n’est au fond « qu’un Spider-Man artificiel du futur ». Le personnage semble cacher d’autres choses et j’espère que la suite me donnera raison sur ce point aussi.

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Conclusion

Comme déjà dit plus haut, le film est à la fois une grande réussite mais malheureusement il possède quelques défauts qui l’empêchent d’être un film « parfait ». Si le style visuel réussit encore à nous épater, son abondance et le rythme effréné de certaines scènes rend la vision presque épuisante par moments. L’histoire se laisse suivre sans déplaisir en ouvrant des pistes intéressantes mais on voit bien que l’on reste face à une première partie d’un diptyque qui réussit à placer certains éléments mais consacre peut-être trop de temps à certaines scènes moins indispensables. Car c’est là le gros point faible, cette impression de se retrouver face à un demi-film, pas une première partie qui se tient en elle-même mais véritablement une demi-histoire. C’est pour cette raison qu’il est selon moi un petit cran en dessous du premier volet tout en restant l’un des meilleurs films de l’année jusque ici. Parce que je chipote, mais au final, j’ai passé un bon moment. Donc voyez-le, soit maintenant ou alors juste avant d’aller voir Beyond The Spider-Verse quand il sortira.

Bande-annonce (VO-ST Fr)

(Mais un conseil… allez voir le film sans voir la bande-annonce qui dévoile trop de choses à mon goût…)

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