Succès surprise de 2014, John Wick a posé les bases de ce qui allait devenir la franchise d’action des 10 prochaines années. A l’issue d’un second volet qui étendait l’univers de ce monde d’assassins, John se retrouvait excommunié et cherchait à pouvoir récupérer sa petite vie tranquille et à faire effacer son excommunication. Après divers rebondissements, c’est sur un John Wick prêt à en découdre que se terminait le troisième volet…
Présentation
Suite aux rebondissements de fin du 3ème volet, John Wick (Keanu Reeves) décide de s’en prendre directement à la Grande Table, les meneurs de l’organisation à tête du réseau de tueurs à gages, en commençant par éliminer « L’Ancien », celui qui est censé être au-dessus même de la Grande Table. Ces derniers décident alors de donner carte blanche à l’un de leurs membres, le Marquis Vincent de Gramont (Bill Skarsgård) afin d’en finir une fois pour toutes avec le problème John Wick.
Les méthodes du Marquis sont plutôt expéditives puisqu’il commencera par détruire le Continental de New-York en représailles de l’aide apportée par Winston (Ian McShane) avant d’engager sous la contrainte Caine, un aveugle tueur à gages et ami de John, (Donnie Yen) pour traquer John et éliminer tout ceux qui l’aideraient ainsi que toute opposition à la Table. Du Maroc à Paris, en passant par Osaka et Berlin, John fera tout pour retrouver sa liberté.
Le film est sorti au cinéma le 22 mars 2023
Critique
Faut-il encore présenter John Wick ? Incarné à l’écran par à un Keanu Reeves qui était un peu dans le creux de la vague au moment du premier volet, il représente un vent de fraicheur dans le monde des films d’action. Sortant en plein dans la mode des films au montage très « cut », le film avait fait le parti pris d’en prendre le contre-pied avec des combats chorégraphiés et de longs plans-séquences. Un pari réussi puisque de multiples clones ont essayé de copier la recette (rarement avec succès) depuis.
Si le thème du premier volet était un « simple » film de vengeance qui mettait çà et là des petites touches qui présentaient un peu son univers (la présentation du Continental comme lieu neutre et le système des pièces d’or) en gardant une intrigue simple et directe, les suites vont surtout étendre l’univers et la mythologie autour de John tout en la complexifiant, généralement de manière intéressante.
Ce 4ème opus continue à mettre la vengeance en thème principal de la quête de John mais avec le but final, irréaliste sans doute, de pouvoir reprendre une vie normale lorsqu’il aura accompli sa mission. Mais c’est également la vengeance envers John lui-même qui va pousser le Marquis a aller de plus en plus loin dans ce qu’il est capable de faire pour que la Grande Table soit débarrassée de la seule personne qui semble capable de les effrayer.
Le film garde une structure proche des précédents avec une succession de boucles de scènes de fusillades, de poursuites et puis d’exposition ou de tension. Mais c’est là qu’arrive sans doute le plus gros problème de ce John Wick 4 : il dure 2h50 et parfois ça se ressent vraiment. Déjà dans Parabellum en 2019, il y avait quelques longueurs et des péripéties qui n’apportaient pas grand chose au récit. Mais ici, ce sont les scènes d’action elles-mêmes qui sont souvent trop longues pour leur propre bien et même si la qualité de réalisation est toujours au top avec des mises en scènes inventives et des plans superbes, on se retrouve souvent à penser que l’affrontement pourrait être raccourci de moitié, en particulier lorsque des renforts semblent arriver vague par vague sans cesse mais sans réellement apporter de la fraicheur ou de la diversité au combat, juste de la répétitivité.
Mais ces scènes trop longues sont presque le seul reproche que l’on pourrait faire au film. Les combats restent toujours superbes visuellement et inventifs avec par exemple les détecteurs de mouvement de Caine, la vue aérienne en intérieur utilisée à Paris pour voir John passer d’une pièce du bâtiment à une autre tout en éliminant les menaces avec son fusil à pompe « explosif » et d’autres encore que je vous laisse découvrir.
Le casting est à nouveau 5 étoiles. On ne va pas revenir sur la prestation de Keanu Reeves qui est totalement à l’aise dans ce rôle d’homme froid et taciturne mais auquel on s’attache immédiatement ni sur Ian McShane qui incarne parfaitement un Winston qui, tout en étant dans le camp de John, continue à jouer sur tous les fronts pour son bien personnel. On va ici aborder un peu plus certains des personnages introduits dans cet opus.
À commencer par le véritable antagoniste : le Marquis Vincent de Gramont (Bill Skarsgård). S’il avait réussi à être très effrayant en Clown Grippe-Sou dans les 2 « Ça« , on constate ici qu’il n’a pas besoin de maquillage ou d’effets spéciaux pour être terrifiant. Chacune de ses menaces ou de ses actions fait froid dans le dos et on sent qu’il est, tout comme John, prêt à tout pour atteindre son but. La plus grande différence entre les deux étant l’arrogance que le personnage affiche à chacune de ses interventions. S’il y a une légère chose à reprocher dans ce casting, c’est qu’on sent que c’est quelqu’un qui se force à « parler anglais avec un accent français » … mais il aurait sans doute été difficile de trouver un acteur français ayant le même charisme menaçant et glaçant.
La menace « fil rouge » pour John tout au long du film est son ancien ami, un tueur aveugle nommé Caine. Il est joué par Donnie Yen, acteur hongkongais à l’immense filmographie qui est connu par exemple pour la série des « Ip Man » mais qui est aussi très souvent chorégraphe pour les scènes d’action. Sa présence à l’écran frappe à chaque fois et il joue tout en maîtrise cet assassin aveugle qui semble être toujours en contrôle de la situation. Ses répliques font toujours mouche et il est clairement l’une des réussites de ce film, martialement mais aussi dans le jeu d’acteur.
Tout au long de son périple, John est aussi suivi par un autre assassin, qui ne sera connu que sous le nom de M. Nobody, accompagné de son chien. Shamier Anderson endosse le costume d’un personnage qui est à la fois central à l’intrigue mais qui pourrait à la fois être totalement absent. Il manque un chouia de profondeur pour qu’il soit autre chose qu’un faire-valoir pour montrer la cruauté du Marquis ou être plus qu’un élément (qui reste séduisant à voir) dans les scènes de baston (Un peu le même effet qu’Halle Berry dans le Chapitre 3).
Pour en terminer avec le casting principal, notons aussi la présence de Hiroyuki Sanada dans le rôle de Shimazu Koji, Manager du Continental d’Osaka. Acteur japonais de talent à la carrière phénoménale, il est ici dans la peau d’un fidèle ami de John qui ira jusqu’à risquer tout ce qu’il possède pour oser également tenir tête à la Haute Table. Il est impeccable dans ses affrontements, en particulier lorsqu’il se retrouve face à Caine.
Le film semble ne jamais laisser le temps de souffler car même dans les scènes d’oppositions plus verbales, la tension est présente en permanence. Les décors sont tous superbes, que ça soit en intérieur ou en extérieur et les scènes d’action sont toutes étourdissantes (en particulier la scène des escaliers et bien entendu celle de l’Arc-de-Triomphe).
Un petit passage rapide sur la scène de la boîte de nuit à Berlin (Club Himmel und Hölle) qui par des aspects m’a beaucoup fait pensé à la boîte de nuit Berlinoise qui se trouve dans le jeu Hitman 3 (Club Hölle). Une coïncidence car les deux sont inspirées de lieux différents mais qui pourtant possèdent pas mal de petits points communs … mais je dois être l’un des rares à avoir fait ce rapprochement.
Pour commencer cette partie spoilers, un dernier retour sur les acteurs avec un mot sur Lance Reddick, qui incarnait Charon, le concierge du Continental de New-York. Sa mort précoce dans le film est l’un des événements marquants, en particulier pour Winston, mais c’est une double tristesse de savoir que l’acteur nous a quitté quelques jours à peine avant la sortie du film. Un très bon acteur, souvent de second rôles, qui manquera à tous, au moins tout autant que Charon nous manquera aussi.
Pour en revenir au film, si tout semble se passer toujours à 100 à l’heure et sans avoir le temps de souffler, le rythme s’arrête totalement pour la grande scène de duel au Sacré-Cœur. John seul face à Caine, ce dernier étant forcé de représenter le Marquis. Chaque balle tirée (et manquée) et chaque rapprochement des duellistes font monter la tension de plus en plus dans ce qui est pourtant l’une des scènes les plus calmes de tout le film (et presque de toute la franchise). Un final superbe qui se conclut sur une nouvelle erreur d’arrogance du Marquis qui ne se rend pas compte que John n’a pas tiré sa dernière balle avant de la lui mettre en pleine tête.
Et c’est ensuite qu’arrive une conclusion douce-amère tournée de superbe manière. Assis sur le parvis du Sacré-Cœur, John savoure enfin sa liberté retrouvée et réfléchi au sens qu’il a donné à sa vie, avant de s’effondrer, une dernière fois. Le film se conclut sur Winston et Bowery King face à la tombe de John, à côté de celle de son épouse, avec l’épitaphe qu’il voulait avoir : « Loving Husband« . (Avant une scène post-générique où le destin de Caine est plus incertain).
Même si l’on sait qu’au cinéma tout est possible, il faut reconnaître le courage de tuer ainsi son personnage principal en pleine gloire avant de peut-être faire la suite de trop.
Mais on sait que la franchise « John Wick » ne s’arrête pas puisqu’une série TV sur la jeunesse de Winston et du Continental de New-York doit arriver cette année (The Continental: From the World of John Wick) ainsi que Ballerina, un spin-off avec Ama de Armas en tête d’affiche. Et puisque l’argent appelle l’argent, la possibilité d’un 5ème volet semble rester ouverte chez les producteurs … mais est-ce une bonne idée ? Rien n’est moins sûr.
Conclusion
On ne peut pas dire qu’il s’agit d’une surprise mais ce « John Wick : Chapitre 4 » est une réussite. Le film n’est pas parfait, il dure une bonne demi-heure de trop et certains de ses protagonistes manquent un peu de profondeur mais c’est à nouveau une véritable claque visuelle et artistique et il est à classer dans les immanquables, pour peu qu’on apprécie le genre bien sûr.