Comment être certain de devenir un jeu très attendu alors qu’on est un petit studio et qu’on lance son premier jeu ? Chez BlueTwelve Studio, le développeur basé à Montpellier, on a trouvé une recette plutôt efficace : un petit chat ! Comment ne pas craquer devant l’adorable bouille de ce petit félin ? Mais c’est une tactique à double tranchant car il faut voir si le jeu réussit à ne pas juste être un gimmick. Alors ? Miaou ou pas ?
Ce test a été réalisé sur PlayStation 5 via mon abonnement PlayStation Plus Premium
Présentation
Lorsque Stray commence, nous incarnons un petit chat errant orange qui se réveille parmi quelques-uns de ses congénères. Mais lors d’une petite balade, qui sert de didacticiel, il glisse et arrive dans une mystérieuse ville souterraine. Après un peu d’exploration, notre héros à quatre pattes rencontre un drone qui lui promet de l’aider à remonter la surface s’il peut l’accompagner dans sa découverte de la cité. Ainsi commence une aventure où l’on parcourra des quartiers à l’ambiance cyberpunk habités par des robots mais où l’on croisera aussi les Zurks, petites créatures mutantes se nourrissant autant de créatures organiques que de robots.
Stray est sorti le 19 juillet 2022 sur PC, PlayStation 4 et PlayStation 5.
Il coûte 27€ sur PC (Steam) et 30€ sur le PlayStation Store et est actuellement inclus dans l’abonnement PlayStation Plus Premium.
Source du dessin : https://whatsupbeanie.tumblr.com/
Test
Moi vouloir être chat…
La première chose qui saute aux yeux en lançant le jeu c’est le soin apporté au protagoniste principal. Que ça soit au niveau de son design général (sur la version PC, il est même possible de moder son apparence), de ses animations ou de ses réactions sonores, le chat que nous incarnerons au fil de l’aventure semble réellement prendre vie devant nous et la plupart de ses actions ou interactions sont vraiment très réalistes et font vraiment illusion.
Au niveau des actions qu’il est possible de faire, on reste limité par notre condition de chat. On peut courir, sauter, se faire petit contre le sol, se secouer, ronronner ou encore gratter le sol ou les portes (le tout reproduit avec minutie), mais la majorité de ses actions ne sont possibles qu’à des endroits déterminés. S’il n’est pas possible de sauter à un endroit, le bouton de saut n’aura aucun effet. Les endroits « interactifs » sont néanmoins systématiquement indiqués par la touche qu’on peut utiliser (une aide désactivable dans les options au besoin). Par contre, bien plus difficile pour notre greffier de communiquer avec des personnages autrement qu’en miaulant ou d’interagir avec des objets plus complexes. C’est ici qu’intervient B-12, le petit drone qui nous accompagne, qui servira de relais à la fois pour comprendre ce que diront les robots rencontrés un peu partout mais aussi par exemple lorsqu’il s’agira d’ouvrir des portes verrouillées par des systèmes informatiques.
L’Extérioriste aux pattes de velours
Notre aventure se déroule dans un monde où les humains semblent avoir disparu depuis longtemps mais où leurs compagnons robotiques sont toujours là et, ayant apparemment évolué avec le temps, ont fondé leur société propre. Si pour beaucoup d’entre eux ce « train-train quotidien » est suffisant, certains ont petit à petit eu le goût de l’aventure et de l’exploration avec pour objectif ultime de sortir de la ville et découvrir la vie à l’extérieur. Et c’est en rencontrant petit à petit des membres de ce groupe presque religieux, les Extérioristes, que nous allons faire notre chemin en voyageant de quartier en quartier et en montant dans la structure de la ville.
La ville a été créée en ayant en tête la « Citadelle de Kowloon », ville-cité enclavée dans Hong-Kong jusqu’en 1993. Haute de presque 14 étages, elle ne faisait que 0,026km² et a pourtant accueilli jusqu’à 50.000 habitants. C’est en pensant à cette cité exigüe que les créateurs du jeu ont imaginé à quel point elle correspondrait aux envies d’un chat qui pourrait tant se balader sur un étage qu’explorer la verticalité du lieu. Plusieurs endroits dans le jeu permettent donc d’explorer et de voyager également en hauteur nous rapprochant également de manière concrète de notre objectif de remonter à la surface.
Sans déflorer l’intrigue du jeu, on peut noter qu’il a plutôt été choisi d’offrir au joueur un parcours plutôt linéaire. Si certaines petites zones sont un peu ouvertes et peuvent être explorées, beaucoup d’endroits sont réellement des successions de couloirs qui nous mènent vers le point suivant de notre aventure. C’est un choix qui peut être vu comme un défaut mais qui a le mérite de cloisonner l’aventure, de pouvoir plus « facilement » gérer le monde dans lequel on promène notre personnage et qui permet de faire avancer l’histoire à un rythme voulu. D’autant plus que vouloir offrir une cité plus grande et plus ouverte aurait engendré des difficultés techniques supplémentaires.
Le jeu se laisse suivre à mesure que l’on avance dans son histoire et on peut juste reprocher que dans sa dernière ligne droite le jeu ne recycle un peu trop ses idées précédentes sans réelle inventivité et offre malheureusement un final un peu décevant. Mais ce petit point noir ne gâche pas l’aventure dans son ensemble.
Chapristi !
Pour avancer vers notre objectif principal, il s’agira d’explorer les différents quartiers en remplissant des petites quêtes « un peu FedEx » pour certains de nos interlocuteurs ou en remplissant de petits objectifs par-ci par-là. Rien de très original mais tout est suffisamment bien rythmé que pour que le joueur ne s’ennuie pas et ait toujours l’impression de progresser. Les interactions avec les habitants sont souvent très amusantes que ça soit leurs réactions visuelles (par exemple à nos miaulements) ou leurs propos.
Le jeu offre aussi une quête secondaire qui consiste à retrouver les souvenirs de B-12 en trouvant des endroits spécifiques qui lui feront recouvrer la mémoire. Certains de ses souvenirs sont obligatoires et se trouvent sur le chemin mais une majorité d’entre eux est cachée (parfois très bien) au détour d’un chemin dérobé ou d’une quête annexe cachée.
Mais les quêtes et les petits couloirs ne seront pas les seules embuches sur le chemin de notre matou. Les Zurks seront notre principal adversaire pendant une partie de la campagne. Créatures mutantes se nourrissant autant de robots que créatures vivantes, c’est à dire nous, les rencontrer voudra souvent dire qu’on va se retrouver face une séquence de fuite où il faudra esquiver les hordes qui nous foncent dessus et se secouer pour faire lâcher prise à ceux qui seront collés à notre pelage, sous peine d’y succomber et de devoir recommencer la séquence entière. On trouvera plus tard d’autres moyens de s’occuper des Zurks mais notre chemin croisera aussi celui d’autres menaces qui demanderont parfois de trouver d’autres solutions plus basées sur la furtivité.
Mais s’il y a un reproche que l’on peut faire au jeu, c’est le sentiment qu’une fois arrivé au bout (ce qui dure 5 à 6 heures), il n’y a pas réellement de raison de se replonger dans l’aventure. Ceux qui ont la collectionnite aigüe voudront 100% des souvenirs et des trophées et y passeront 2 à 3 heures de plus (maximum) mais ensuite le jeu n’offrira aucune autre surprise. La seule raison de relancer une aventure sera peut-être uniquement l’envie d’incarner à nouveau pendant une poignée d’heures un adorable petit chat quand le souvenir du jeu sera moins frais d’ici quelques mois.
En conclusion …
C’est un pari réussi pour Stray qui réussit à ne pas juste être le « jeu où on est un chat » mais c’est aussi un jeu qui propose un univers cohérent dans lequel on apprécie se promener et une histoire qu’on a envie de suivre. On se retrouve certes avec un jeu plutôt linéaire mais c’est sans doute pour son bien car il aurait sans doute été très compliqué pour le studio de proposer un univers plus ouvert tout en gardant la qualité du jeu. Ce n’est certes pas le jeu de l’année mais c’est un jeu qui promet quelques belles heures de jeu qu’on ne voit pas passer en visitant un monde rempli de curiosités et où l’on veut connaître la conclusion. Il a ses faiblesses, en particulier dans sa dernière ligne droite, mais c’est prometteur pour le premier jeu du studio qui a d’ores et déjà montré qu’il était capable de faire du contenu de qualité. En un mot comme un cent … Miaou !
Trailer officiel
Présentation
Je vous présente les 40 premières minutes du jeu :