Doctor Strange in the Multiverse of Madness – Pour enfin faire décoller la Phase 4 ?

Nous sommes presque à la moitié de la « Phase 4 » de l’Univers Cinématographique de Marvel (MCU) et, un peu à l’instar de la toute première phase, difficile de trouver un fil conducteur qui lie tous les films en dehors de quelques petits clins d’œil par-ci par-là. « Avengers : Endgame » a marqué la fin d’une longue intrigue et on est plutôt ici face à un univers qui se remet en place. Les films restent de qualité (en général) mais on attend ce moment qui nous prendra par les tripes pour avoir envie de connaître la suite. Est-ce que ce Doctor Strange in the Multiverse of Madness réussira à avancer vers ce moment ? … Je ne vais pas vous le dire tout de suite voyons…

Présentation

Film faisant partant intégrante du MCU, Doctor Strange in the Multiverse of Madness peut être regardé seul mais pour connaître toutes les subtilités du scénario, il vaut mieux être un peu à jour au niveau des films MCU (en particulier, le 1er Doctor Strange bien sûr mais aussi Spider-Man: No Way Home et un peu Avengers : Endgame) mais c’est surtout la série Wandavision qui pose le cadre d’une partie de l’intrigue du film.

La partie « sans spoilers » ne va pas dévoiler les différents rebondissements mais pour parler du film il faudra parler des bases de son intrigue, dont des choses qui n’ont pas été montrées dans les bandes-annonces. Si vous voulez voir le film et vous garder la surprise complète, ne lisez pas plus loin … et sinon, c’est parti.

L’introduction nous présente un Doctor Strange (Benedict Cumberbatch) d’un autre univers et introduit la jeune America Chavez (Xochitl Gomez), poursuivis par un démon mais elle réussit au dernier moment à s’enfuir et à se retrouver dans notre univers. Et c’est là que nous retrouvons notre Strange à nous, invité au mariage de Christine Palmer (Rachel McAdams), qui va être perturbé par l’arrivée dudit démon, toujours à la poursuite d’America. Après tué la créature, avec l’aide du Sorcier Suprême Wong (Benedict Wong), ils décident d’aider America en demandant l’aide de Wanda Maximoff (Elizabeth Olsen).

Critique

Avant de parler un peu plus en profondeur de l’histoire, on peut s’attarder sur le visuel et la réalisation du film. C’est Sam Raimi qui est aux manettes du film et si ce nom vous dit quelque chose c’est parce que le Monsieur est déjà connu pour avoir réalisé la première trilogie Spider-Man (celle avec Tobey Maguire) mais aussi la trilogie Evil Dead. Et s’il n’a pas pu avoir une liberté créative absolue et a dû rester dans les carcans du MCU, on reconnaît tout de même sa patte personnelle avec son style et ses gimmicks de réalisation. Ça fait partie des grandes réussites du film.

Le film dure 2h06 et a envie de raconter beaucoup de choses. Et l’on a donc cette impression, très volontaire, d’une course-poursuite qui ne s’arrête jamais, de devoir toujours aller de l’avant et de n’avoir qu’assez peu de moments qui nous offrent une respiration. Le film passe a une vitesse folle, on a pas le temps de s’ennuyer tandis que l’on passe d’un rebondissement à un autre.

Les effets visuels restent toujours aussi superbes que soit les créatures vues çà et là, le siège de Kamar-Taj, le duel de magie (on en reparle aussi plus bas), le Strange du dernier acte, les dimensions, … quasiment rien n’est a redire sur les effets visuels. Et l’on ne peut que regretter que la séquence « traversons des univers parallèles » soit aussi courte tant elle regorge de bonnes idées.

Les acteurs quant à eux ont l’opportunité de montrer l’étendue de leur jeu. Cumberbatch nous montre un Strange moins « irréfléchi » que dans Spiderman : No Way Home et nous montre aussi sa capacité à jouer un Strange différent en étant toujours dans le bon ton, Wong continue à être le comic relief tout en apportant aussi sa touche d’héroïsme et d’importance au récit. Mais s’il y a une chose a mettre en avant dans ce film c’est la performance d’Elizabeth Olsen qui, encore plus que dans Wandavision, nous montre l’étendue de son jeu et sa capacité à être tantôt émouvante et tantôt effrayante. La seule personne moins mise en valeur par son jeu est Xochitl Gomez qui possède certes un rôle important dans l’intrigue, mais qui est plus limitée au niveau des interactions. Elle s’en sort très bien mais n’a que peu d’opportunités pour se mettre en avant.

L’intrigue n’est pas d’une originalité folle et reste une assez classique course en avant à la recherche d’un artefact avec quelques rebondissements au programme. Mais ici tout s’enchaîne de manière fluide, on vit l’histoire à 100% et cette fois on évite un dernier acte en « bouillie numérique » qui arrive trop souvent dans les films MCU (et aux films de super héros en général) pour nous offrir un type de final différent et plutôt rafraîchissant.

S’il réussit à garder des touches d’humour par moments, c’est sans aucun doute le film MCU le plus sombre depuis un bon moment avec des scènes de tension proches de ce que peuvent offrir certains films de monstres et il est par moments un « film d’horreur soft ».

Je vais m’attarder sur des points d’intrigue et la fin dans la partie spoilers, si vous ne voulez pas vous gâcher la surprise, sautez jusqu’à la conclusion.

! Attention ! Spoilers !

Pour ceux qui ont vu le film, voici quelques détails de plus avec spoilers qui racontent des parties critiques de l'histoire.

On peut aborder en premier le twist majeur qui n’a pas été montré dans les bande-annonces : le fait que Wanda soit l’antagoniste unique du film. On se doutait, depuis l’annonce de la présence du personnage, qu’il y aurait au moins un moment où elle serait du mauvais côté de l’histoire, mais pas jusqu’à imaginer que toute l’intrigue tourne autour d’elle et du manque de le perte de ses jumeaux dans Wandavision. Elizabeth Olsen nous montre ici l’étendue des émotions qu’elle peut donner à Wanda, que ça soit son ton calme lors de leur première rencontre, sa colère maîtrisée à chaque fois qu’elle dira à Strange qu’elle se retient d’utiliser toute l’étendue de ses pouvoirs, la terreur qu’elle peut inspirer dans la base des Illuminati (on y revient juste après), dans leur affrontement ou lorsqu’elle déambule ensuite dans les souterrains tel le monstre d’un slasher impossible à arrêter. Mais aussi son côté terrifié et maternel lorsqu’elle incarne la Wanda dont elle tente de voler la vie et qui cherche à protéger ses enfants.

Puisque j’en ai un peu parlé ci-dessus, abordons le côté « fan service » de « l’univers 838 » dans lequel nos héros se retrouvent : les Illuminati. Le film décide de faire apparaître des personnages pour faire plaisir aux fans, certes, mais avec un vrai but narratif derrière et qui donnera des scènes parmi les plus marquantes. Quel bonheur tout d’abord de pouvoir revoir certains acteurs/personnages : Hayley Atwell parfaite en Captain Carter (personnage vu aussi dans « What If?« , incarnation de la possibilité que Peggy Carter ait pris le sérum du Super Soldat à la place de Steve Rogers), Patrick Steward pour incarner une nouvelle fois un Professeur Xavier toujours aussi classe, Lashana Lynch en Captain Marvel alternative si Maria Rambeau avait pris la place de Carol Denvers, Anson Mount de retour en Black Bolt des Inhumans et en introduisant John Krasinski en Reed Richards, pour une première apparition dans le MCU d’un des 4 Fantastiques (Et j’aimerais beaucoup que ce choix de casting reste pour le futur film « Fantastic Four »). Leur présence dans le film permet de montrer 2 choses : tout d’abord d’encore appuyer sur les potentielles différences entre les univers en montrant ici des variations de personnages connus. Mais ça nous offre surtout l’une des scènes les plus violentes de toute l’histoire du MCU avec l’affrontement entre une Scarlet Witch froide, cruelle et déchaînée contre ces Illuminati qui ont surtout eu le tort de sous-estimer la menace qu’elle représente. Les morts sont toutes plus atroces et brutales les unes que les autres (et inventives aussi), tout en donnant l’impression que Wanda ne se donne pas à 100% contre ces personnages pourtant surpuissants.

Le film offre aussi à Benedict Cumberbatch la possibilité de jouer des Strange très différents. L’égoïste dans l’introduction, l’indécis qui fera le bon choix dans notre univers, le tourmenté et possédé par le Dakhold dans le monde détruit ou encore la version zombifiée du premier dans le dernier acte. Mais en plus de nous montrer plus de facettes de son personnage principal, le film étend également son univers visuel avec une vision de la magie plus grande que les « simples » lassos, petits boucliers et téléportations vues jusqu’ici : boucliers géants, canons, scie magique, etc. le film fourmille d’idées visuelles à ce niveau-là avec la palme qui revient au duel « musical » entre notre Docteur Strange et celui de l’univers « détruit ». Les effets visuels au style « musical » (notes, etc.) envoyés au rythme de la musique nous offre sans doute la scène la plus belle de tout le film.

S’il devait y avoir un bémol à dire au niveau de la gestion du multivers dans ce film, c’est qu’au-delà de la scène où Strange et Chavez traversent les dimensions, on ne voit réellement que 2 univers (et un morceau) qui ne montrent pas de grandes inventivités en plus du « ici les voitures avancent quand le feu passe au rouge ».  (Mais cette scène m’a fait repenser au pilote de Sliders … voyez cette série !).

Le dernier acte permet de montrer 2 choses. Tout d’abord un visuel très « Sam Raimi » sur le « Strange Zombie » (tout comme lorsque Wanda poursuit Strange, America et Christine dans le sous-sol des Illuminati)  et sur les âmes qu’il contrôle autour de lui. Mais aussi une conclusion qui n’est pas basée sur un affrontement avec une créature numérique ou un long combat sans saveur mais sur le fait que Wanda réalise que voler la place d’une autre ne réalisera pas son rêve, ce ne seront pas réellement ses enfants et elle ne pourra pas avoir ce lien aux eux. (Même si on pourrait trouver un peu dommage de limiter son rêve à un cliché de « femme ne sentant pas complète sans enfants »)

Le film offre une vraie évolution et une vraie conclusion à l’arc de Scarlet Witch, même si son histoire est disséminée au fil de films dont elle n’est jamais le personnage principal (à l’exception de la série Wandavision). Reverra-t-on Olsen reprendre encore le rôle ? Faire s’écrouler un temple entier sur soi semble assez « final » … mais on est dans une adaptation de comics … et on n’a pas vu de corps… sait-on jamais. Il y a encore des choses intéressantes à faire avec le personnage.

Si cette critique parle assez peu d’America Chavez, c’est parce qu’au-delà d’être l’objectif premier de Wanda pour atteindre son but, le personnage manque de profondeur à l’écran. Xochitl Gomez donne tout ce qu’elle a quand elle est là mais elle n’a pas beaucoup de choses concrètes à montrer. A voir si on la verra dans le futur de Strange ou ailleurs dans le MCU.

Quant à Strange, c’est déjà annoncé qu’il sera de retour, avec à priori un troisième oeil qui montre sa corruption en ayant utilisé le Darkhold, avec sans doute une incursion entre les dimensions qui lui est annoncée par Clea (autre personnage de l’univers de Strange, incarnée ici par Charlize Theron), à moins que ce problème ne se règle dans un autre film ou série, et peut-être avec Mordo qui a été un peu oublié depuis la fin du premier film…

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Conclusion

S’il ne donne toujours pas un fil rouge évident à la Phase 4, ce Doctor Strange 2 file directement dans le haut du panier des films du MCU.

S’il fallait ressortir du négatif, on pourrait dire qu’étant un film où se croisent plusieurs histoires du MCU, il est peut-être moins simple d’y rentrer pour un néophyte ou pour quelqu’un qui n’aurait vu que le premier volet, même si le film essaie de contextualiser toute son histoire mais aussi regretter les limitations du « Multivers » dont on ne voit pas grand-chose finalement.

Mais à part ça, on est devant un bon film, un excellent divertissement, avec des acteurs de talent au service d’une histoire simple mais bien racontée et surtout sublimement mise en image par son réalisateur. Allez-y !

Bande-annonce (VO-ST Fr)

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