Tunic – Il a l’air mignon comme ça…

Je l’avais aperçu lors de petites présentations dès 2017 et pu le prendre en main lors de la Gamescom 2018, et Tunic a directement eu des arguments pour me plaire : un air de Zelda avec une vue isométrique où l’on incarne un petit renard, armé d’une épée, d’un bouclier et d’une volonté de fer, qui parcourt un monde où tout semble mignon, tout doux et cotonneux.

Au fil du temps, j’ai eu l’occasion de le tester à quelques reprises (dont lors du Steam Festival 2020, ici en vidéo) et de continuer à suivre de près son évolution. Et lorsque j’ai eu l’agréable opportunité de tester le jeu avant sa sortie pour vous préparer ce test, vous vous doutez bien que je n’ai pas hésité une seconde. Mais au final, ai-je aimé Tunic ?

Ce test a été réalisé sur PC à partir d’une clé fournie par l’éditeur

Présentation

Tunic réussit déjà la prouesse d’avoir été développé par une seule personne, Andrew Shouldice, qui y consacre son temps depuis plus de 5 ans. Édité par Finji, le jeu sort ce 16 mars sur PC (Il est disponible sur Steam par exemple ou dans le Game Pass) mais aussi en exclusivité (au moins temporaire) sur les consoles XBOX One et XBOX Series S|X.

Le jeu commence comme ce bon vieux « Zelda : A Link’s Awakening » : notre personnage principal, un adorable petit renard, se réveille sur une plage, dans un monde qui nous semble inconnu et mystérieux. Dépourvu de tout équipement, nous allons commencer à découvrir le monde qui nous entoure dans un jeu d’action aventure en vue isométrique.

Mais derrière cet aspect très mignon à première vue, se cache un jeu qui est loin d’être simple et qui aime cultiver une part sombre et mystérieuse.

Test

Le Roman du Renard

La première chose qui frappe quand on lance Tunic, c’est son adorable direction artistique. On a l’impression d’arriver dans un décor fabriqué en polystyrène, où tout semble duveteux, lumineux et joyeux. Ça reste une constante au fil du jeu, les décors, personnages, créatures et objets rencontrés ont tous ce petit truc qui les rend adorable mais il faut toujours se méfier ce qui a l’air mignon au premier abord.

Tunic n’est pas qu’un plaisir des yeux, c’est aussi une vraie douceur pour les oreilles. Composée par Lifeformed et Janice Kwan, la bande-son vous bercera lors des moments d’exploration mais saura aussi être plus nerveuse lors affrontements contre les boss. On ne se lasse pas des rythmes qui accompagnent nos aventures et même lorsqu’elle se fait plus discrète, la musique reste une réussite tout du long. L’album complet est d’ailleurs disponible sur Bandcamp pour les plus curieux.

Le jeu nous propose différents environnements qui, sans être toujours originaux (plage, forêt, montagne, cavernes, …), permettent d’offrir une belle variété de décors, apportant une dose de dépaysement lors de nos voyages entre les différents lieux. Certains lieux sont particulièrement agréables à l’œil et donnent envie de s’y balader longuement, avec une mention particulière pour la bibliothèque, lieu calme, mystérieux et splendide.

La caméra nous propose une vue isométrique qui de premier abord semble rester toujours plus ou moins identique mais qui est capable de zoomer ou de pivoter quand certaines actions le demandent. Le contrôle de la caméra n’est jamais laissé au joueur ce qui laisse le loisir au jeu de cacher des secrets et des raccourcis hors de l’angle de vue proposé au joueur et on sera plus d’une fois étonné que ce qu’on pensait être un passage vers une récompense est au final un raccourci depuis un point du jeu qu’on avait déjà traversé de nombreuses fois, sans avoir vu le chemin.

Car s’il y a une chose qui définit complètement Tunic, c’est le mot « mystère ».

♪ Renard sacripant, sacripouille, coquet, coquin ♪

Le jeu aime jouer de ses secrets et de ses surprises en commençant par les textes que l’on peut voir lorsqu’on examine un panneau ou qu’on découvre un objet. Tout nous est présenté via une langue imaginaire parsemée de mots traduits qui nous aident à comprendre mais sans jamais tout nous dévoiler. En parlant de mots traduits, un point sur la traduction française qui est plutôt réussie même si quelques petites coquilles sont encore ça et là, rien de gênant.

L’une des premières mécaniques que le jeu va nous présenter c’est son manuel d’instruction. Au fil de nos aventures, nous allons retrouver petit à petit les pages du manuel du jeu. Comme pour le reste, il y a du texte compréhensible, des symboles mais surtout des dessins. Et le tout nous permet d’apprendre petit à petit les mécaniques du jeu ou de nous montrer l’une ou l’autre carte avec quelques indices parfois bien cachés. La recherche des pages du manuel est une quête à part entière dans le jeu car c’est celui-ci qui vous montrera comment progresser dans le jeu à certains moments.

L’histoire fait aussi partie des mystères du jeu, on ne sait pas trop ce qu’on fait là, quel est notre objectif réel, les dialogues en langue codée n’aident pas et si l’on essaie parfois de se dire qu’on tente de faire telle action pour telle raison, on constate parfois dans les actes que l’histoire ne part pas dans le sens qu’on imaginait.

Durant la période de test, un espace communautaire a été offert aux différents testeurs pour s’échanger des informations et conseils, car c’est de cette manière que le jeu a été créé, pour que chacun ait envie de partager ses découvertes avec d’autres et à demander conseil. Car parfois au delà d’être mystérieux, Tunic peut aussi être très, voire trop, cryptique et ne soyez donc pas étonnés de ne pas savoir où aller ou comment fonctionnent certaines capacités. A force de tourner et de chercher, on finit par savoir avancer mais on peut se sentir parfois perdu avec juste des miettes d’indices.

Docteur Zelda, Mister Renard ?

Le gameplay part d’une base assez simple : un bouton fixe pour esquiver ou avoir des interactions de base (monter une échelle, etc.) et 3 boutons qui peuvent être attribués aux divers armes et objets trouvés au fil du chemin. Les gâchettes ont quant à elles chacune leur action aussi : verrouiller un ennemi, boire une potion, lever son bouclier ou accéder au menu d’équipement, qui permet de changer les boutons d’action, sans que le jeu ne se mette en pause. Car si jusqu’à présent j’ai l’impression de vous décrire une copie d’un Zelda avec un petit renard (Au fond, ne porte-t-il pas quasiment la même tunique que Link ?), il y a une différence avec la grande série de Nintendo.

Si visuellement Tunic ressemble à un petit jeu d’aventure mignon pour tout âge avec ses ennemis « trop choupis », une fois la manette en main, on constate vite que le fond du jeu n’est pas composé uniquement d’exploration du monde et de petits donjons avec leurs secrets à découvrir. Des roulades, des feux de camp pour se soigner mais qui font revenir les ennemis, des boss longs et exigeants, ce ne sont que quelques exemples où l’on sent que le développeur a voulu apporter une touche de « Souls-like » pour pimenter l’aventure.

Dès qu’il s’agit d’un affrontement contre un boss, on sent qu’on est clairement dans la cour des grands : patterns à étudier, attaques à esquiver au bon moment, longues barres de vie, nous ne sommes plus face à un Zelda qui vous demande d’éviter 2 attaques et de toucher 3 fois l’oeil du boss. Et si le premier boss n’est qu’une version XXL d’un garde de base pour nous apprendre un peu les esquives, les choses se compliqueront au fur et à mesure que l’on rencontrera le Gardien de la Forêt et les boss suivants.

Mais si le jeu offre un défi à ceux qui aiment souffrir, il propose aussi des options d’accessibilité à la fois au niveau du confort visuel ou du confort de base (réglage des vibrations, des flashs lumineux, etc.), il laisse aussi la possibilité d’aider les joueurs qui auraient envie d’avancer plus facilement dans l’aventure ou qui se sentiraient frustrés par un mur trop haut pour eux en permettant d’avoir une endurance infinie (pour toujours pouvoir esquiver) mais aussi un mode « sans échec » qui permet de ne plus perdre de vie. Des options qui permettront à tout un chacun d’avoir une expérience de jeu qui lui convient.

Car, sans vous dévoiler le moindre secret concret, il faut savoir qu’il y a beaucoup de choses qui se cachent sous la surface de Tunic, son univers n’est pas que ce que l’on voit au premier regard. La quête initiale qui demande de faire sonner des cloches n’est que le début d’une longue aventure qui ira bien plus loin que ce que vous pouviez penser au départ et qui pourra vous donner pas mal de maux de tête sur les énigmes de fin de partie.

En conclusion …

Si le jeu n’est pas exempt de quelques défauts, il y a peu de choses qu’on peut lui reprocher. Certains mystères « trop cachés » peuvent gêner certains joueurs par moments mais c’est aussi ça qui fait son sel et son plaisir. Et à part ce petit point négatif, Tunic est un véritable petit bijou. Beau, amusant, émouvant, il est une sorte de chainon manquant entre un Zelda qui parfois se retrouve même à être trop simple et l’exigence sans faille d’un Dark Souls. Je vous recommande chaudement de passer quelques moments auprès de ce joli petit renard et vous garderez en mémoire la belle aventure que vous aurez vécu !

Les 20 premières minutes du jeu

Trailer officiel

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