Depuis le lancement de Disney+, les projets autour de la saga Star Wars se multiplient. Si certains sont indéniablement de grandes réussites (The Mandalorian), d’autres sont plutôt des coups de sabre-laser dans l’eau (The Book of Boba Fett). Et le dernier projet à être sorti des cartons est donc « Obi-Wan Kenobi« , une mini-série en 6 épisodes pour retrouver notre Maître Jedi préféré.
Le série Disney+ arrive après plusieurs projets avortés pour déjà faire revenir Obi-Wan à l’écran. Un projet de film « Obi-Wan : A Star Wars Story » mis au placard en 2018 après mauvais retours financiers de « Solo : A Star Wars Story » et des premières versions de série en 2019 dont le scénario était trop proche de The Mandalorian avec un Obi-Wan protégeant Luke des dangers de Tatooine. Mais en 2022, après des délais de production allongés à cause de la pandémie, Obi-Wan Kenobi arrive enfin sur nos écrans !
Présentation
10 ans après les événements de « Star Wars : Episode III« , Obi-Wan est caché sur Tatooine pour surveiller le jeune Luke Skywalker. Mais 2 événements majeurs vont venir perturber le quotidien tranquille de l’ancien Maître Jedi : L’arrivée d’Inquisiteurs de l’Empire qui recherchent un autre Jedi en fuite sur la planète et l’enlèvement de la jeune Princesse Leia Organa sur Alderande.
Alors qu’il s’était promis de rester pour veiller sur le fils d’Anakin, Obi-Wan accepte de partir à la recherche de la jeune princesse sans se douter que ça va le mener à croiser la route de Darth Vader.
Critique
Toucher à l’histoire d’Obi-Wan Kenobi, à celle de Dath Vader ou à l’époque entre les épisodes 3 et 4 est presque un blasphème pour certains fans de la franchise. C’est sans doute pour ça que la série possède un si grand écart entre les gens qui la hissent au rang de meilleure série Star Wars et ceux qui la conspuent complètement. Et si de mon côté je dois reconnaître qu’il y a des points qui me chiffonnent, je dois avouer que j’ai passé un agréable moment aux côtés de notre bon vieux Ben.
Ewan McGregor reprend le personnage qu’il avait incarné lors de la prélogie et on sent qu’il avait vraiment envie de rejouer le Maître Jedi à nouveau. Que ça soit dans le côté ermite du début de la série ou lors de l’évolution progressive de son personnage au fil des épisodes, il l’incarne totalement et on sent le plaisir qu’il a eu à tourner. Le reste du cast est également à la hauteur et on sent un véritable amour des acteurs pour l’univers. La jeune actrice qui incarne la Princesse Leia (Vivien Lyra Blair) est adorable et montre les traits de caractères qui lui donneront la personnalité future. L’antagoniste principale de l’histoire est Reva Sevander (incarnée par Moses Ingram) la « Third Sister » de l’Inquisition qui semble avoir une obsession envers Obi-Wan. Mais, comme déjà dévoilé dans plein d’annonces, on pourra également croiser à nouveau Hayden Christensen en Darth Vader (avec toujours la voix de James Earl Jones en VO).
Il y a toute une galerie de personnages secondaires qui apportent chacun leur pierre à l’édifice, qui font avancer les différentes intrigues, mais qui sont bien trop souvent réduits uniquement à un rôle-utilitaire. Et c’est bien dommage car dans un produit où le destin des personnages principaux est déjà connu, mettre l’accent sur des personnages nouveaux peut faire monter l’intérêt et le suspens. Mais aucun personnage n’a le temps ni la place d’être mis en avant et même Reva, qui rentre dans les conditions, n’est finalement que trop sous exploitée.
L’histoire veut nous montrer 2 choses principales : l’évolution d’un Obi-Wan qui a perdu sa puissance d’antan et qui doit reprendre confiance en lui pour accomplir sa mission mais la série tente aussi de montrer un peu ce qui se passe « derrière le casque » de Vador. Malheureusement, rien n’est vraiment exploré à 100% et on se retrouve face à une suite de péripéties déjà vues et revues où les bonnes idées sont démontées la minute suivante par une résolution absurde. Plusieurs petites sous-intrigues s’ajoutent aussi mais sont tout autant mal exploitées, Reva en particulier.
On a surtout l’impression d’être face à un produit qui à la fois a dû diluer en 6 épisodes une histoire qui pourrait tenir en un film de 2h mais qui a aussi dû être produit rapidement pour vite arriver sur Disney+, sans avoir de vraies phases de relectures qui auraient pu éviter au scénario ses plus gros écueils (on en parle en spoilers…). L’histoire aurait pu être condensée en moins d’épisodes mais surtout certaines intrigues ou personnages secondaires auraient pu mériter des épisodes particuliers (voire une série).
La série comporte aussi son lot de scènes plus « action » : des poursuites, des combats, de l’infiltration, des négociations. Et là, si la série souffle parfois le chaud (le dernier épisode), elle souffle surtout le froid. On sent en général un manque de moyens sur la série qui oblige à des séquences parfois bien moins intenses que ce qu’on pourrait imaginer, des scènes où parfois on sent aussi que le manque de place oblige une mise en scène très plate mais on a aussi trop souvent des scènes bien trop ridicules. (La poursuite en forêt du premier épisode est resté dans la tête de tout le monde…)
Les décors sont quant à eux généralement superbes et offrent souvent un vrai dépaysement, plutôt bien venu après l’overdose de Tatooine récente. Les effets visuels ne sont pas en reste et sont généralement plutôt réussis, même si l’on peut regretter l’utilisation quasi systématique du studio « StageCraft » qui ici donne l’impression d’avoir toujours été utilisé de la même manière, sans mise en scène particulière et sans laisser de la profondeur. La musique mélange habilement thèmes originaux et grands classiques dans les moments les plus importants et se laisse écouter sans déplaisir.
! Attention ! Spoilers !
On ne va pas revenir sur tous les problèmes de la série mais pointer les grosses choses qui me gênent le plus … mais aussi celles que j’ai pu aimer.
Et s’il y a une chose que je regrette et que je trouve bâclée (certainement dû à un rythme de production trop rapide) c’est d’avoir une série remplie de moments qui nous font sortir de notre suspension de l’incrédulité. Darth Vader qui éteint des flammes dans l’épisode 3 mais qui n’est plus capable de le faire 2 minutes plus tard pour un feu de la même taille, les personnages transpercés par un sabre laser qui s’en sortent comme si de rien n’était (Reva et le Grand Inquisiteur) alors qu’on a vu des personnages mourir en quelques secondes de la même manière (Qui-Gon), l’attaque lors du siège des rebelles dans l’épisode 5 où une armée de Stormtroopers qui déboule n’arrive pas à toucher la moindre personne (oui d’accord, ils visent mal … mais à ce point-là…).
La série enfile trop souvent les clichés et facilités scénaristiques qui enlèvent toute tension sur pas mal de scènes. Et certains épisodes ne sont là que pour remplir du temps, comme quasi tout l’épisode 4 qui accumule les situations vues et revues pour que la seule chose qui change réellement soit que le petit droïde de Leïa ait désormais un traqueur de position. Et difficile également de croire aux voyages spatiaux dont la durée semble dépendre des envies des scénaristes, en particulier l’arrivée de Reva sur Taooine dans l’épisode 6, ainsi que le retour d’Obi-Wan à la fin du même épisode où l’on croirait que tout se passait sur les 2 planètes juste à côté tellement le voyage semble instantané.
La série nous permet cependant de découvrir un secret que nous ne connaissions pas dans l’univers Star Wars : la capacité des enfants à empêcher des poursuivants de les attraper. Car si déjà les fuites de Leïa lors des 2 premiers épisodes (dans le 1er en forêt pour échapper aux chasseurs de primes et dans le second pour semer Obi-Wan sur Daiyu) étaient ridicules, que penser de celle de Luke qui semble, à 10 ans à peine, pouvoir courir plus vite en ligne droite dans le désert qu’une Inquisitrice, certes diminuée.
Mais le plus grand moment de « n’importe quoi », le moment où la série perd sa cohérence, arrive pour moi juste après la scène du duel dans l’épisode 6. Dès le début, on sait qu’aucun des deux ne peut mourir vu la place chronologique de la série. Leur duel est épique et lorsque Kenobi retrouve toute sa capacité à utiliser la Force, il surmonte son ancien apprenti et fini par comprendre qu’en effet, Anakin n’existe plus, il ne reste que Darth Vader, l’une des plus grandes menaces que la Galaxie ait connues… et Obi-Wan part. Et la série ne nous donne pas une seule raison intradiégétique pour justifier qu’il le laisse en vie. S’il pensait qu’Anakin pouvait être sauvé, pourquoi pas, si Vader utilisait un Deus Ex Machina pour s’échapper à la dernière minute, ça passerait encore, je serais capable d’accepter presque n’importe quelle situation ou raison autre que « il s’en va parce que c’est comme ça ».
A lire tout ce que j’ai mis ci-dessus, on pourrait presque croire que j’ai détesté la série alors que pas du tout. J’ai surtout aimé pouvoir retrouver Obi-Wan et suivre son chemin pour reprendre confiance en lui et redevenir le Maître Jedi qu’il était. J’ai beaucoup aimé les pistes lancées çà et là, tout en regrettant qu’elles aient été mal utilisées : l’envie de vengeance de Reva, la scène d’introduction avec les apprentis dans le Temple Jedi (scène qui aurait mieux trouvé sa place plus tard dans l’histoire), la formation progressive de la Rébellion (qui n’est jamais nommée), Anakin voulant combler son traumatisme en se vengeant de son ancien Maître, tant de choses (et d’autres) qui ne sont souvent que juste touchées du doigt.
Conclusion
Plus j’y pense et moins je saurais dire si j’ai vraiment aimé la série. Le plus regrettable c’est de se demander si on n’aurait pas eu mieux d’avoir cette histoire (mieux) racontée dans un seul film, laissant la possibilité d’explorer plus en avant d’autres sous-intrigues plus en profondeur, que dans une série s’étalant sur presque 4 heures et demies trop souvent composées de remplissage inutile ou de maladresses. Malgré des raccourcis et des facilités scénaristiques trop présentes, Obi-Wan Kenobi reste un divertissement très sympathique qui permettra aux amateurs de la franchise d’avoir une dose supplémentaire et de pouvoir revoir un Ewan McGregor heureux de rejouer le rôle. Mais l’on ne pourra pas s’empêcher d’avoir plusieurs fois les yeux qui se lèvent au ciel…