J’avais déjà abordé le pilote de la série dans un précédent article, mais il est temps de s’attaquer au vrai morceau : Que vaut la première saison de Ted Lasso ? Lancée en août 2020 sur Apple TV, son pitch est assez simple : Rebecca Welton devient la nouvelle propriétaire de l’AFC Richmond, équipe de football de Premiere League anglaise, après son récent divorce avec son ex-mari volage. Son grand nettoyage consiste entre autre à virer l’entraîneur actuel pour le remplacer par Ted Lasso, entraîneur de football américain qui vient d’emmener sa jeune équipe du fond du classement à la victoire finale dans leur division en une saison. Petite ombre au tableau : Ted Lasso ne connait rien en football « européen »
Critique
Si on s’en tient au pitch ci-dessous, on peut imaginer que la série ne sera qu’une suite de sketchs et clichés sur cet américain et son décalage avec ce qu’il ne connait pas. Et si le pilote contient quelques blagues dans ce sens et qu’on en retrouve parfois à d’autres moments, la série est bien plus profonde qu’elle ne le paraît au premier regard.
Ted Lasso, c’est l’histoire d’un homme dont le plus grand défaut est d’être systématiquement optimiste, de voir le bon dans les personnes autour de lui et de vivre via un seul slogan : Croire ! (« Believe ! »). Au fil de la saison de l’équipe, on suivra la vie et l’évolution de Ted et tout ceux qui l’entourent. La série est littéralement portée par Jason Sudeikis qui incarne Ted. C’est un personnage qu’il n’est pas possible de ne pas aimer, un véritable vent de fraîcheur dans notre époque parfois déprimante, qui arrive même à attirer la sympathie des personnages qui lui sont totalement opposé.
Il est mis en face de Rebecca Welton (incarnée par Hannah Waddingham), la propriétaire de l’équipe, froide, calculatrice et qui cherche à saboter l’équipe pour se venger de son volage ex-mari. Si lors des premiers épisodes on n’a du mal à éprouver de l’empathie pour elle, les interactions qu’elle a avec Ted, puis avec d’autres personnages, réussissent à l’humaniser au fil de la série et on finit par l’apprécier autant que Ted lui même … peut-être son optimisme contagieux ?
La série met un peu de temps à démarrer et il faut attendre environ le 4ème épisode pour que toutes les pièces se mettent en place avec les personnages secondaires, qui ne manquent pas de charme non plus. Il y a Roy Brent (Brett Goldstein), le capitaine en fin de carrière, Jamie Tart [♪ Tutu-tutu-tutu ♪] (Phil Dunster), l’attaquant beau gosse ayant un « léger » problème d’égo surdimensionné, Nate (Nick Mohammed) le garçon à tout faire qui devient un élément clé pour Ted, Kelly (Juno Temple), l’excentrique petite amie de Jamie qui rêve de succès. Sans oublier le coach Beard (Brendan Hunt), l’ami et assistant plutôt taciturne de Ted ainsi que Higgins (Jeremy Swift), le bras-droit souffre-douleur de Rebecca.
C’est toute cette galaxie de personnages souvent haut en couleur que l’on suit durant les 10 épisodes de la saison. Et si l’on suit une équipe de foot, tout ne tourne pas autour du ballon rond et la série se penche surtout sur la vie de ses personnages, sur le terrain mais surtout en dehors. Certaines histoires ont déjà été vues ça et là (le joueur plus âgé qui réalise que sa fin de carrière est proche, la superstar qui doit apprendre l’humilité, …) mais sont ici exécutées parfaitement et si la série a quelques moments plus faibles, ils sont très rares.
Ted Lasso n’est pas une comédie qui va vous faire rire aux éclats, ce n’est pas la série la plus innovante jamais réalisée, mais c’est une série dont on sort systématiquement avec le sourire, avec le sentiment d’avoir passé un bon moment et avec l’envie de passer plus de temps auprès des personnages. Espérons que les prochaines saisons (Apple a déjà renouvelé la série pour 2 nouvelles saisons) sauront garder la recette qui font de ce mélange une vraie réussite !