La 14ème saison de Doctor Who sortie l’an dernier faisait office de nouveau départ avec un nouveau Docteur, une diffusion sur Disney+ et une tentative, assez réussie, d’être une nouvelle porte d’entrée pour les gens ne connaissant pas la série.
Voici donc la seconde saison de la 15ème incarnation du Docteur, celle de Ncuti Gatwa, qui est reparti pour une nouvelle salve de 8 épisodes, dans la lignée de la saison précédente ?
La série est disponible sur Disney+ depuis avril 2025
Présentation
Je vous renvoie à ma critique de la saison précédente pour découvrir l’univers de « Doctor Who » et je vais plonger ici directement dans l’intrigue de cette saison.
Le Docteur (Ncuti Gatwa) voyage désormais seul à nouveau mais il croisera vite la route de Belinda Chandra (Varada Sethu), une infirmière enlevée par des robots venus de l’espace. Après l’avoir secourue, il promet de la ramener chez elle en 2025 mais réalise que, pour une raison mystérieuse, le TARDIS est repoussé lorsqu’il essaie de retourner sur Terre à la date prévue.
Commence alors une série d’étapes pour essayer de ramener Belinda chez elle tout en essayant de comprendre ce qui l’empêche de le faire tandis qu’un mal ancien semble rôder.
Critique
J’ai un peu le même sentiment initial que l’an dernier. Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé cette saison, bourrée de bonnes idées que je détaillerai plus bas mais, dans le même temps, il y a trop de choses qui me chiffonnent que pour que je la considère dans une bonne saison.
Une bonne partie de cette critique sera en mode spoilers plus bas, je ne vois que cette méthode là pour vraiment parler de ce qui m’a chiffonné cette saison.
Parlons d’abord de la principale chose positive ce cette saison : son Docteur, incarné par l’excellent Ncuti Gatwa. Moins dans le surjeu que dans la première saison, il continue à donner une vraie personnalité attachante au Docteur, plein de vie et d’envie. Certains récits lui permettent vraiment d’apporter une couleur inédite (sans mauvais jeu de mot) dans le lore du Docteur et c’est réellement le point fort de cette saison.
Les rumeurs qui parlaient d’un départ de Ruby en tant que compagne du Docteur et avaient vite été écartées en disant qu’il y aurait 2 compagnes cette saison : Ruby et Belindra. Enfin, ça c’est la théorie…
En pratique, Ruby Sunday (Millie Gibson) apparait bien dans la saison, pour un seul épisode, le « traditionnel épisode sans Docteur » et pour le double épisode final. Et c’est vraiment dommage de ne pas avoir réussi à donner un second souffle à ce personnage pétillant que j’avais beaucoup aimé même si l’intrigue autour d’elle en saison 1 était un peu tombée à plat. Ses apparitions ici sont vraiment très bonnes et on est ravi de revoir le personnage, mais on est bien plus devant une apparition exceptionnelle qu’un vrai rôle de compagne lors de la saison.
C’est donc Belindra Chandra (Varada Sethu) qui reprend le poste de compagne et ce n’est à mon sens pas la meilleure des idées. Si l’actrice semble se donner dans ce qu’elle a à jouer, on a tout de même des moments où on la sent bien moins investie que Ncuti Gatwa avec ce le rôle de la « compagne malgré elle », qui souhaite surtout rentrer chez elle. Elle a ses moments mais elle n’est pas assez soudée dans l’univers en si peu de temps et surtout sa fin de saison est à mon sens décevante, mais on en parlera plus bas. J’ai eu du mal à m’accrocher à elle, mais ça changera peut-être lors d’un second visionnage (je n’avais pas adoré Donna Noble au début…).
Au sujet de l’intrigue de la saison en elle-même, on suit donc cette fois le Docteur qui cherche à ramener Belinda sur Terre le 24 mai 2025 mais qui semble ne plus avoir de trace de la Terre à partir de cette date. Les différents épisodes indépendants offrent des histoires plutôt sympathiques mais un peu comme l’an dernier, c’est le mystère principal de la saison qui est un peu décevant et qui est bien loin des meilleures saisons de la série. On est presque sur le même schéma que l’an dernier avec des épisodes forts au milieu de la saison entourés d’une introduction faible et d’une conclusion décevante.
Je vais aborder plus en profondeur les épisodes dans la zone Spoilers ci-dessous et si vous ne voulez pas que je vous gâche les épisodes, allez directement à la conclusion !
! Attention ! Spoilers !
Je vais volontairement omettre le Spécial de Noël 2024 (Joy to the World), déjà parce que j’en ai déjà parlé dans les Awards en début d’année et qu’il est un peu hors de la saison en elle-même, même si son hôtel servira de plot twist.
The Robot Revolution semble être un bon départ pour la saison, une histoire intéressante, l’introduction de Belinda, mais un dernier acte qui déçoit un peu mais surtout la mise en place de cette étrange intrigue de Terre disparue au 24 mai 2025.
On enchaîne avec Lux qui est peut-être mon épisode préféré de la saison. Nous proposer comme antagoniste un personnage animé est assez original mais tout l’épisode est bourré de petites pépites jusqu’à son final touchant même si un peu prévisible. Il ne restera pas comme un épisode marquant dans l’univers global de la série (bien trop décorrélé d’une grande intrigue et avec un antagoniste qui n’est pas appelé à revenir) mais à ce moment pour moi la série partait sur une pente positive.
Et ça a continué avec The Well, un très bon huis clos qui se révèle être une suite au très bon Midnight (de 2008 avec David Tennant).
Lucky Day est un épisode un peu à part. Tout d’abord, il s’agit de l’épisode « sans Docteur » (qui n’apparait que dans l’introduction et la conclusion) et donc du seul vrai épisode de Ruby Sunday. C’est un épisode à la fois très important dans l’intrigue global pour ce qu’il apportera en fin de saison avec Conrad mais aussi un bon épisode indépendant qui se focalise d’abord sur une Ruby en pleine reconstruction devant ensuite, après avoir été trahie, faire face à celui qui l’a manipulée tout en sauvant l’image de UNIT. On peut aussi y voir une intéressante part sombre et jusqu’au-boutiste chez Kate Lethbridge-Stewart (Jemma Redgrave) que l’on espère pouvoir voir approfondie à l’avenir. C’est un épisode qui divise mais je l’ai aimé malgré ses moments plus faibles et clichés.
J’ai un avis plus mitigé sur The Story & the Engine. L’épisode est sans doute celui qui met le plus en scène le questionnement du Docteur par rapport à son ethnicité et ça apporte un côté assez inédit et frais à l’intrigue. J’ai beaucoup aimé aussi le côté des souvenirs qui s’animent sur le mur et l’idée de cet homme qui est déçu de n’être « rien » après avoir fait vivre les autres et leurs histoires. Mais tout est un peu confus par moments, tout s’accélère un peu trop vite sur la fin et le personnage d’Abena semble être là pour créer un lien fort avec le Docteur mais est à peine expliqué et il est difficile de vraiment s’impliquer avec elle.
The Interstellar Song Contest est un épisode divertissant qui sert un peu d’épisode détente avec le binôme d’épisodes spéciaux. Il est assez chouette à regarder et j’aime assez la définition de plot de départ qui était de mélanger Die Hard avec l’Eurovision. L’intrigue en elle-même ne casse pas trois pattes à un canard mais on s’amuse bien et surtout l’épisode nous met en haleine pour la suite avec 2 éléments importants : la vision qu’à le Docteur de Susan, sa petite-fille qui l’accompagnait au tout début de ses aventures (en 1963) et qui n’avait pas été revue après son départ de la série en 1964, à part dans des épisodes anniversaires. Un personnage important et donc une vision qui a du sens. Mais cet épisode met aussi enfin fin au mystère de Mme Flood qui se révèle être la Rani, une antagoniste du Docteur dans les années 1980.
Et jusque-là, si je n’avais pas trouvé non plus que la saison était parfaite, j’étais plutôt satisfait de ce qu’on nous présentait même si, comme l’an dernier, je restais perplexe sur le choix de faire des saisons de 8 épisodes alors que ne fus-ce que 2 de plus permettent d’avoir plus de diversité mais aussi de soit pouvoir plus jouer avec le fil rouge de la saison ou encore de faire revenir plus facilement des antagonistes plus mythiques du Docteur.
Et on arrive au duo « Wish World/The Reality War« . Je ne vais pas détailler tout point par point et si j’apprécie certaines idées (comme Omega), on se retrouve finalement devant un épisode qui n’apporte pas une résolution cohérente et ne nous offre pas son lot d’émotion comme on l’attendait.
Si l’idée d’un Omega monstrueux me plait ainsi que le fait qu’il soit simplement enfermé à nouveau, restant une menace lointaine, que dire du reste de son apparition servant juste à dévorer l’une des Rani, sans offrir une fin honorable à ce personnage qui méritait je pense quelque chose de bien mieux qu’une fin en forme blague.
En 2 épisodes, surtout le dernier, Belinda est transformée en « maman malgré elle » ce qui efface tant de choses qu’elle semblait démontrer dans le début de la saison. L’arc autour de Poppy semble vraiment avoir été écrit à la va-vite avec des retournements de situation sans arrêt sur la fin ce qui donne encore plus l’impression d’une histoire confuse et avec trop de contradictions.
Et on termine sur une régénération du Docteur plutôt vide, sans vraie conclusion, sans donner l’impression d’aller vers quelque chose, faisant juste apparaître une tête de Billie Piper qui semble ravie d’être là mais qui ne donne aucune piste sur son éventuel futur rôle.
Et le gros souci, c’est de savoir que la saison n’aurait à priori pas dû se terminer comme ça. Il n’y a rien eu d’officiel mais beaucoup de pistes qui pointent vers le fait que ces 20 dernières minutes ont été tournées dans l’urgence presque 9 mois après le reste de la saison, en changeant le montage et certaines scènes de l’épisode. L’épilogue devait nous montrer le Docteur et Belinda présents à une grande fête pour célébrer ce fameux « May Day », une apparition de Susan près du TARDIS, une autre fin pour Poppy et nous envoyer vers une troisième saison en gardant le même duo d’acteurs.
De nouveau, ce sont les on-dit, mais Ncuti Gatwa semblait perdre patience à ne pas savoir si Disney+ et/ou la BBC allaient prolonger la série et, ayant d’autres opportunités ailleurs, il a décidé de quitter le navire, forçant Russel T. Davies et ses équipes à improviser une manière de mettre en scène son départ.
Et si cette autre fin originale n’aurait sans doute pas été parfaite et n’aurait pas corrigé certains éléments qui m’ont moins plu, elle aurait été sans doute plus cohérente et aurait moins trahi l’esprit des personnages.
Conclusion
Difficile de trancher dans mon esprit pour donner un avis définitif sur la saison. J’ai aimé ce qu’elle a essayé d’être et ce vers quoi elle allait, je ne peux malgré tout pas l’aimer pour ce qu’elle est finalement. Je n’ai pas passé un mauvais moment à la suivre, bien au contraire, mais je n’ai pas adoré ce qu’elle a voulu me raconter au global.
Ce que je reprochais à la première saison n’a fait que se reproduire sur cette suite : une saison trop courte qui lance des intrigues en devant soit les résoudre bien trop vite ou ne pas vraiment y revenir, en sachant que les pistes ouvertes en première saison n’ont pas non plus trouvé de réponse ici.
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, tout n’est pas à jeter et s’il y a d’excellents moments (Lux, The Well, …), je ne peux qu’être déçu par ce que son final et ce vers quoi il nous envoie, loin que ça semblait être à la base. On a abordé en 2 mots les raisons en zone Spoilers, et si ça ne suffit pas à gâcher la saison entière, ça nous laisse un goût amer en bouche.
Et pour ajouter à cette amertume, parlons des derniers bruits qui couloirs qui semblent indiquer que le partenariat avec Disney+ risque de s’arrêter là et qu’on ne sait pas encore quand ni même si nous reverrons le Docteur, dans un futur proche en tout cas.