Persona 3 Reload (+ Épisode Aigis) – Affronter l’Heure Sombre

Quand arrive l’année 2008, ça fait un petit moment que je n’ai pas pris mon pied sur un JRPG, n’ayant pas tenu jusqu’au bout des Kingdom Hearts II et Final Fantasy XII sortis les années précédentes. Mais je suis avec une certaine curiosité l’arrivée d’une franchise encore inédite en Europe : Persona 3, le troisième volet d’un spin-off d’un autre JRPG peu connu chez nous : Shin Megami Tensei. J’y ai passé des heures et des heures, scotché par l’univers, les personnages et le système de jeu.

Les années passant, j’ai malheureusement un peu survolé Persona 4 (que je ferai en entier un jour !) mais j’ai à nouveau dévoré Persona 5 et sa version « Royal » en 2017 (et 2020). Alors quand Atlus annonce la sortie de ce remake du troisième volet qui m’a fait découvrir cet univers, avec une mise à jour graphique via le moteur de Persona 5, évidemment que je fonce … et vu la taille de l’introduction, je pense que vous savez déjà si cette nouvelle version m’a plu…

Critique réalisée sur PC (et Steam Deck) avec un jeu acheté sur Steam

Présentation

La série des Persona est à la base un spin-off des Megami Tensei, une série principalement de JRPG (jeu de rôles à la japonaise) qui sont pour la grande majorité indépendants les uns des autres, mais possédant des points communs au niveau des thèmes abordés, à la liberté au joueur dans certains choix mais surtout à ses combats où il l’on généralement comme alliés des monstres ou démons que l’on peut parfois recruter.

La grande différence entre la série originale et les Persona se situe dans son environnement puisque ces derniers se déroulent dans un univers lycéen. Ce Persona 3 Reload ne fait pas exception et nous met dans la peau d’un adolescent qui vient tout juste d’être transféré dans un nouveau lycée et qui va devoir mêler sa vie scolaire avec une nouvelle activité nocturne : la Chasse aux Ombres et l’Exploration de Tartare !

Le jeu est disponible depuis février 2024 sur PC, PlayStation 4 et 5 ainsi que XBox One et Series X/S.

Critique

L’univers particulier des Persona

Le jeu nous plonge dans une petite ville côtière japonaise et nous met dans la peau d’un protagoniste silencieux qui revient dans cette ville où il a grandi pour rejoindre le lycée local, en logeant temporairement dans une résidence estudiantine.

Mais très vite des événements étranges vont se produire en particulier lorsqu’il va se réveiller une nuit durant « l’Heure Sombre », une mystérieuse 25ème heure qui vient s’ajouter à la nuit durant laquelle les gens « normaux » sont transformées en cercueils et ne se souviennent de rien de ce qui s’est passé une fois qu’elles se sont réveillées. C’est pourquoi le grand public ignore l’existence de ce phénomène.

C’est également durant cette heure que des créatures, nommées Ombres, traquent les humains qui sont encore réveillés : les potentiels utilisateurs de Persona. Et notre protagoniste en est un. Il révèle son pouvoir durant une attaque d’Ombre sur le dortoir et rejoins alors le SEES, un groupe d’élèves qui cherche à résoudre le mystère autour de l’Heure Sombre et à vaincre les Ombres.

Ensemble, ils exploreront Tartare, une mystérieuse immense tour qui apparaît durant l’Heure Sombre et où semblent vivre les Ombres, l’explorant étage par étage au fil de leurs pérégrinations nocturnes. Pour affronter leurs adversaires, les personnages peuvent faire appel, à l’aide d’une espèce de pistolet nommé Evoker, à leur Persona : une représentation de leur personnalité qui possède différents pouvoirs magiques. Mais notre personnage principal a une capacité propre : il est capable d’utiliser de multiples Persona.

Si notre protagoniste est silencieux et n’est pas nommé dans le jeu (il s’appelle Makoto Yuki dans les adaptations officielles), il possède tout de même une certaine personnalité attachante mais il est surtout défini par les choix que l’on fera en tant que joueur, en particulier lors de nos échanges avec d’autres personnages. Je ne vais pas dévoiler tout le casting ici, ça serait spoilant aussi, mais nous sommes entourés de personnages attachants, même si on reste un peu dans les clichés de ce genre d’univers : le pote sympa mais rebelle (Junpei), la fille jolie et populaire (Yukari), la fille plus sérieuse aux abords froids (Mitsuru), l’élève un peu plus âgé et calme et qui est aimé de tous (Akihiko) ou encore la fille timide et réservée (Fuuka). Et il en reste…

Car, dans les points faibles qu’on peut trouver au jeu, il y a sa longueur. En connaissant déjà pas mal les systèmes et en gérant bien les combats, il m’a fallu 75 heures pour finir la campagne principale et, comme souvent dans les jeux de la série, on a l’impression d’être toujours en introduction et en phase d’apprentissage pendant les 20 premières heures au minimum, découvrant toujours de nouveaux personnages et des nouvelles mécaniques.

Le jeu nous propose une histoire profonde et mature avec son lot de retournements de situation et qui n’hésite pas à aborder de manière frontale des thèmes tels que la maladie ou le deuil. Les différentes histoires que le jeu nous conte sont souvent très réussies et touchantes et les personnages sont tous attachants (ou détestables lorsqu’il s’agit de certains antagonistes).

Un donjon qui semble infini

Si les Persona ont toujours placé leurs histoires dans un contexte lycéen, ce 3ème volet est celui qui introduit véritablement le « double gameplay » qui va devenir la marque de fabrique de la franchise : une aventure qui suit un calendrier avec des échéances et une vie scolaire le jour, avec ses interactions sociales dont on parlera plus bas qui font presque « dating sim » et la possibilité d’exploration de donjon la nuit.

Et parlons tout d’abord de ce qui reste malgré tout la chose qu’on fera le plus dans le jeu : se balader dans Tartare et affronter des Ombres. Chaque soir (ou presque), on peut décider d’aller explorer cet immense donjon dont les étages sont générés de manière procédurale à chaque fois. On y croise des Ombres qu’on peut essayer d’éviter ou décider d’affronter (auquel cas il vaut mieux les frapper en premier pour avoir l’avantage ensuite dans le combat).

C’est une partie qu’on peut trouver répétitive car il y a pas mal d’étages à explorer, pas mal de combats et avec parfois la nécessité d’y revenir pour faire gagner des niveaux à tous nos personnages.

Les combats en eux-mêmes restent vraiment dans l’esprit JRPG des années 1990-2000 : du pur combat au tour par tour. Nouveauté de ce remake par rapport à l’original, on peut désormais contrôler directement les autres membres de notre équipe et ne pas juste les commander avec des commandes simples (comme « soigne en priorité ») qui pouvaient parfois être maladroites en pratique. Ici on peut choisir de gérer toute l’équipe comme notre protagoniste : choisissant quelle action réaliser à chaque tour, un système qu’Atlus utilise depuis Persona 4.

Le système de combat de Persona 3 est similaire au reste de la franchise, il se base sur la découverte et l’utilisation des faiblesses de nos adversaires, tout en protégeant les siennes et sur l’obtention de tours bonus. Pour faire simple, nos adversaires (ou les Persona pour notre équipe) possèdent des forces et (souvent) des faiblesses « élémentaires ». Si on attaque avec un sort de glace un ennemi qui possède cette faiblesse, il « tombe » et on a le droit de jouer un nouveau tour, soit avec le personnage actuel, soit en donnant ce tour bonus à un autre joueur, un système hérité de Persona 5.

Et si tous les adversaires sont au sol, on peut lancer un « Assaut Général », une attaque où notre groupe entier va frapper les Ombres et leur faire pas mal de dégâts.

Le système d’attaque sur les faiblesses une mécanique primordiale pour essayer de gêner et vite éliminer nos ennemis. Mais attention, c’est également valable si l’un de nos adversaires touche la faiblesse de notre équipe. Car Persona peut être un jeu difficile par moments avec des combats où l’on est mis en difficulté et avec la contrainte supplémentaire que si notre protagoniste est KO, la partie se termine, ce qui peut vite arriver si on ne fait pas attention à certaines faiblesses, quelle que soit la difficulté.

Je ne vais pas détailler tout le système mais on peut parler des 2 grosses nouveautés ajoutées dans ce remake.

Tout d’abord, les actions de nos personnages vont faire monter une barre de « Théurgie » et lorsqu’elle est remplie, on peut déclencher une attaque dévastatrice. Pour chaque personnage, certaines actions feront monter la barre plus vite, comme par exemple Yukari qui gagnera plus de Théurgie lorsqu’elle soignera des gens.

Et dernière grosse nouveauté : les « Portes Monales ». À certains étages, ces portes apparaitront et nous amèneront dans un mini « sous-donjon » où il faudra vaincre un (ou plusieurs) mini-boss pour avoir des récompenses.

Comme dit plus haut, notre personnage peut changer de Persona mais mieux encore, il est le seul à avoir accès à la « Chambre de Velours », un mystérieux lieu hors du temps où il fera la rencontre du mystérieux Igor et son assistante Elizabeth et qui lui permettra d’effectuer des fusions de Persona, c’est à dire choisir 2 Persona (ou plus parfois) et les transformer en une nouvelle qui sera souvent plus puissante et qui pourra garder certaines capacités des Persona ayant fusionné. De plus, certaines fusions pourront avoir un bonus d’expérience basé sur vos relations sociales, car comme dit plus haut, il y a aussi notre vie quotidienne qui influence sur le jeu.

Il n’y a pas que les combats dans la vie

Si les premiers Persona avaient déjà des phases « hors combat », c’est réellement avec ce 3ème volet qu’Atlus a mis au point le système de « vie sociale » qui a contribué à rendre la franchise populaire.

Au fil de l’aventure, on avance jour après jour dans le calendrier avec des échéances qui s’y trouvent, que ça soit du côté combat ou scolaire. Savoir qu’on aura une mission spéciale à telle Pleine Lune ou encore que telle semaine soit dédiée aux examens à l’école ne sont que quelques exemples de base du rythme de vie de notre personnage.

Les journées sont souvent découpées en 3 parties : Tout d’abord en début de journée la vie scolaire avec des cours que l’on peut choisir d’écouter ou non, des questions auxquelles il faut essayer de répondre correctement et d’autres petites interactions. Ces parties servent à améliorer certaines capacités de notre héros comme son Savoir, son Courage ou son Charme.

Ensuite, il y a nos activités « d’après-école ». À la fin des cours, on aura le choix entre ne rien faire (ce qui ne sert pas à grand chose), faire des activités (comme aller au karaoké ou tenter le défi d’un fast-food) qui vont augmenter les capacités citées ci-dessus mais surtout on l’aura l’occasion de passer du temps avec certaines personnes pour améliorer les liens sociaux qu’on a avec eux.

Un camarade de classe enthousiaste, un ami du club de sport, un vieux couple de bouquiniste, ce ne sont là que quelques exemples de personnes avec qui on peut passer du temps. Discuter avec eux et donner les « bonnes réponses » fera monter nos liens avec eux et nous permettra d’avoir certains bonus dont en particulier un bonus d’expérience dans les fusions de Persona.

Les relations avec ces personnages donnent souvent des sous-intrigues vraiment intéressantes et touchantes parfois et font vraiment le sel du jeu et du reste de la franchise depuis. Avec la possibilité également de nouer des romances avec certaines de nos rencontres.

Nouveauté de ce remake, on peut aussi parfois passer du temps avec certains de nos équipiers pour améliorer certaines de leurs capacités en combat, en plus d’en apprendre plus sur eux.

Finalement, lors de la soirée, la dernière partie de la journée, on pourra également faire certaines activités semblables (ou identiques) à celles d’après-école ou choisir d’aller explorer Tartare.

Mais en plus …

Mais si on a déjà fait l’original, est-ce que ce remake vaut le coup ? L’histoire est peu ou prou identique donc il ne faut pas s’attendre à de grands chamboulements mais le confort apporté à ce troisième volet par les systèmes qui pour beaucoup ont été mis en place dans Persona 5 rend vraiment le jeu plus confortable, plus amusant, simplifiant certains points sans aller à l’encontre de l’esprit de la série, en particulier la difficulté de certains affrontements.

L’exploration de Tartare a été rendue plus conviviale avec un peu plus d’interactions çà et là mais surtout la disparition de la fatigue qui nous forçait souvent à devoir arrêter l’exploration assez vite. Et autre grosse « nouveauté » attendue : la présence d’une version française pour les textes !

Par contre, gros point noir, il est vraiment dommage que ce qui est présenté par Atlus comme étant « la version finale de Persona 3 » ne contienne pas l’histoire alternative avec une protagoniste féminine qui avait été mise dans la version PSP du jeu à l’époque.

Et pour ceux qui n’en auraient pas assez de l’histoire originale, le jeu propose un « New Game + » où l’on peut recommencer l’aventure en conservant certains éléments de notre fin de partie initiale et en y ajoutant des combats plus difficiles, de nouveaux boss cachés et d’autres secrets. More of the same en fait mais avec la même histoire.

Quelques mois après la sortie du jeu, Atlus a mis en vente le DLC « Episode Aigis » qui contient principalement ce qui s’appelait « La Réponse » dans la version originale et qui met en avant, comme le nom l’indique, le personnage d’Aigis, dont je ne vous ai volontairement pas parlé pour vous laisser la découvrir dans le jeu.

Narrativement, ce DLC se place après la conclusion de l’histoire principale (la « bonne fin » en tout cas) et nous propose de parcourir une nouvelle forme de donjons pour percer un étrange mystère d’une journée qui ne s’arrête jamais et d’un étrange personnage que l’on croise vite. Il n’y a pas vraiment de grosses évolutions narratives au fil de ce DLC et j’irai même jusqu’à dire que certains éléments de sa mise en place (que je vais me retenir de spoiler) sont en contraction avec la fin du jeu original et que sa conclusion est plutôt prévisible et que je la trouve personnellement décevante, tout comme l’était « La Réponse » à l’époque.

Mais la plus grosse faiblesse de ce supplément est qu’il se concentre presque exclusivement sur l’exploration de couloirs aléatoires et les combats, retirant toute la partie sociale ce qui rend le contenu encore plus répétitif. On n’a malheureusement pas l’impression de continuer Persona 3 mais juste l’impression d’avoir un Tartare bis, avec une difficulté parfois bien cruelle. 20h de contenu en plus, je ne dis pas qu’on va cracher dessus mais ce n’est franchement pas obligatoire parce que ce n’est pas toujours agréable.

En conclusion …

Ça doit se sentir dans tout le reste du test : j’adore ce jeu et son univers. Persona 3 avait été ma porte d’entrée à l’époque et cette version modernisée permet réellement d’apprécier l’histoire sans devoir subit la lourdeur de l’interface de l’époque.

Je reconnais qu’il possède ses points faibles : la répétitivité lors de l’exploration de Tartare, une manière parfois obscure de faire avancer certains Liens Sociaux, un Episode Aigis décevant et le fait de ne pas avoir inclus dans cette version « finale et complète » la protagoniste féminine de la version PSP.

Mais il reste pour moi néanmoins un grand jeu, l’un des meilleurs JRPG modernes et le jeu que j’ai préféré en 2024 !

Une vidéo avec les premières heures du jeu

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